Média indocile – nouvelle formule

# 22 décembre 2023

semaine n°51

Reportage

La Cisjordanie, un asile de fous à ciel ouvert

David Laufer

On dit souvent de Gaza qu'elle est la «plus grande prison du monde à ciel ouvert». La Cisjordanie, principale entité de l'Etat de Palestine, ressemble en comparaison à un asile de fous. Un asile imaginé par des fous, mais aussi rempli de fous. Fous de rage, de désespoir, contraints à vivre dans une réalité parallèle tout à fait inimaginable de l'extérieur.

L'arrivée en voiture à Ramallah, capitale de la Palestine, vous ferait croire que l'équipe de foot locale vient de remporter la Coupe des Champions. Foule compacte, tintamarre assourdissant, mer de voitures et de camionnettes au point mort, chauffeurs s'insultant parmi les vendeurs de maïs grillé hurlant, le chaos est indescriptible. Pourtant c'est un mercredi comme un autre, il fait un délicieux 24 degrés, le ciel est bleu comme les yeux de ma filleule, et Ramallah n'est qu'une petite ville de 40'000 habitants à peine. La raison en est que tout le trafic, donc le transport des biens et des personnes, est régulé par Israël selon des conditions mouvantes et impénétrables. Ainsi presque toutes les routes sont des goulots d'étranglement, les colons étant, eux, au bénéfice de leur propre réseau routier, propre, sécurisé, et désert. Lorsque mon chauffeur Thaer, 34 ans, et moi arrivons enfin au centre-ville, il nous faut une bonne demie-heure pour parcourir 100 mètres et trouver un parking. Il est bientôt 17 heures, le soleil commence à baisser, alors Thaer m'indique la direction de la petite gare routière et se prépare à faire demi-tour. Pour rentrer chez lui à Jericho, à environ 60 kilomètres, il lui faudra deux à trois heures de route, entre les détours imposés par les colons et les checkpoints à l'entrée de sa ville natale. Déambulant dans la crasse de ces petites rues, entre les étals du marché débordant de fruits, assourdi par les hululements rythmés des vendeurs d'avocats, je me dirige lentement vers la gare. En y parvenant, on me dit, «halas», c'est-à-dire, plus de bus. Depuis le début de la guerre, Israël interdit le trafic de bus entre Ramallah et Jérusalem après la tombée de la nuit. Lire la suite...


Le dessin de la semaine

« Noël à Gaza »

Un dessin Valott

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