Culture / Au pays des fées
«Les fées de Cottingley», Juliette Hamon, réalisé par François Teste, France Culture, deux épisodes de 30 minutes.
Les fées sont le reflet d’une époque. En 1917, au cœur de la Première Guerre mondiale, la société anglaise est morose, tourmentée, endeuillée. Deux jeunes filles, les cousines Elsie et Frances, décident de se photographier dans le jardin. Sur le cliché, surprise: des fées apparaissent au premier plan, de très jolies fées, avec leurs ailes et leurs robes légères. Les cousines réitèrent l’expérience, à nouveau des créatures magiques sont là (on en verra un exemple ci-dessus). Et les spécialistes de l'époque sont formels, il ne s’agit pas d’un trucage. Pierre Dubois, elficologue et écrivain, explique que l’Angleterre, préservée du cartésianisme français et du jacobinisme, est encore sujette à ces croyances. Ces manifestations magiques, conjuguées au médium photographique, alors à la pointe de la technologie, attirent l’attention des spirites et des amateurs de paranormal. Et l’histoire parvient jusqu’aux oreilles de Sir Arthur Conan Doyle, qui apporte son crédit aux photographies. Ce dernier vient de perdre son fils sur le champ de bataille. Il s’intéresse au spiritisme, aux forces occultes... L’immédiat après-guerre a besoin de merveilleux, du soulagement et de l’espoir qu’un autre monde existe, dans l’invisible. Il faudra attendre les années 1980 et la mort de Conan Doyle (un geste d’élégance envers le grand homme) pour que les deux cousines révèlent la supercherie. Ebahies par les proportions que ce jeu a prises, elles assurent que tous ceux qui s’y sont laissés prendre ont cru précisément ce qu’ils voulaient croire. Les créatures magiques peuplent notre imaginaire, et notre imaginaire peuple le monde de magie, selon les besoins et les tourments des époques. Il est peut-être temps de prêter attention aux fées et aux lutins de votre jardin.
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