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Culture / Une ethnographie des troubles psychiques


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«La couleur des neuroleptiques», Muriel Bros, Editions Planète Santé, 376 pages.



Muriel Bros est sage-femme à Genève. Suite à une importante décompensation psychotique, elle doit prendre des neuroleptiques. Il faut dire qu’elle entend des voix malveillantes, lui enjoignant, entre autres, de mettre fin à ses jours. En 2019, elle décide de s’auto-sevrer progressivement des médicaments, avec le soutien d’une psychomotricienne, d’une psychologue et d’une psychiatre. Surtout, elle décide de faire le récit de son sevrage, à raison d’une page de bande dessinée par jour. Il s’agit d’un témoignage rare, important. Muriel Bros raconte son enfance et les maltraitances psychologiques qu’elle a subies de la part de sa mère qui n’a pas désiré cet enfant. C’est poignant, effrayant même. Elle raconte également les viols dont elle a été victime à l’adolescence. Il n’y a jamais de misérabilisme dans cette bande dessinée, jamais d’auto-apitoiement. Au contraire, c’est avec humour et lucidité que Muriel Bros égraine ses souvenirs malheureux, parle de son corps, de ses combats personnels et féministes, explique scientifiquement les effets des neuroleptiques et la diminution des doses, revisite l’arbre généalogique de sa famille pour mieux comprendre la cruauté de sa mère. «J’ai enfermé le passé dans cette BD, dit aujourd’hui cette femme sympathique et lumineuse. Je ne pense pas que mes voix auront besoin de revenir sous des formes étranges et inquiétantes. Je les écoute, on discute, elles sont pleines d’humour et je ne passe plus une journée sans quelques moments joyeux de franche rigolade ou de rires bienveillants.»

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