Culture / Quand la politique passe aussi par l’estomac
«Comment nourrir un dictateur», Witold Szablowski, Editions Noir sur Blanc, 272 pages.
Il y a plusieurs manières d’aborder l’histoire et la politique, pourquoi pas en passant par la cuisine. Par les estomacs, pour être plus précis, en l’occurrence ceux de quelques dictateurs: Saddam Hussein, Idi Amin Dada, Enver Hodja, Fidel Castro et Pol Pot. Pendant quatre ans, le journaliste polonais Witold Szablowski a recherché aux quatre coins du monde leurs cuisiniers ou leurs cuisinières pour savoir ce qu’ils aimaient manger et comment. «En général, j’ai eu de la peine à les convaincre de me parler», explique-t-il en ouverture du livre. Il publie aussi des photos d’eux; le seul qui n’a pas voulu montrer son visage est le cuisinier d’Enver Hodja, encore aujourd’hui traumatisé par la terreur qui a régné pendant de longues années en Albanie. Passons en détails quelques habitudes alimentaires des dictateurs présentés dans ce livre. Pour le petit-déjeuner, Saddam Hussein mangeait généralement des œufs, du poisson ou de la soupe de lentilles. Le cuisinier d’Amin Dada lui préparait parfois une chèvre entière farcie et rôtie, à laquelle il recollait sa barbichette avant de la servir. Enver Hodja avait le diabète et il ne pouvait pas manger plus de mille deux cents calories par jour: «Il a passé la majeure partie de sa vie à souffrir de la faim à cause de ce régime, c’est pourquoi il était toujours énervé», confie son cuisinier. Fidel Castro mangeait beaucoup de produits laitiers, peu de viande et il adorait les légumes. Quant à Pol Pot, il avait souvent mal au ventre mais «il était très important qu’il ne soit pas affamé (lui qui a affamé les Cambodgiens, ndlr.), notre vie en dépendait, le succès de la révolution en dépendait», se souvient sa cuisinière qui était un peu amoureuse de lui. Au-delà des anecdotes culinaires, Comment nourrir un dictateur est aussi un rappel historique, ça fait pas de mal.
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