Culture

Un meurtre, puis un accident de voiture avec abandon de véhicule: tous les prétextes sont bons pour ramener le narrateur de Mécanique du crime, premier roman de Reto Steffen, à la Vallée de Joux. Même si l’accent, le vocabulaire et l’accoutrement de l’inspecteur lausannois détonnent dans ce milieu et font de lui la risée des locaux. Et qu’il faut composer avec les intrusions d’un ancien collègue à la retraite depuis vingt ans, mais toujours cramponné à l’affaire et à ses convictions. Si l’enquêteur endure ainsi moquerie et ingérences, c’est qu’il est amené à collaborer avec Camille. Ce qui pourrait bien l’aider à tourner enfin la page d’un divorce dont il peine à se remettre.

Bref, les personnages de Mécanique du crime ont de l’étoffe, une dose d’humour et une personnalité bien affirmée. Ce polar a valu à son auteur Reto Steffen le premier prix d’un concours organisé par les éditions de la Rive sur le thème «Un crime non élucidé». L’écrivain Olivier Chapuis, président du jury pentacéphale, se dit séduit par la construction narrative, le suspense et l’ancrage géographique. L’ancienne libraire Anne Boerlin-Zurkinden promet aux lecteurs qu’ils seront hypnotisés et motivés à suivre dans l’ombre les pas des enquêteurs. Quant à Jézabel Notari Gallino, lectrice compulsive, elle parle d’un roman bien écrit, à l’écriture fluide et au suspens maitrisé qu’elle n’hésite pas à comparer à un Franck Thilliez, en précisant que c’est un compliment.

Un autre roman a obtenu les faveurs du jury et réussi à se hisser sur la seconde marche du podium. Son auteur n’en est pas à son coup d’essai, puisqu’il a déjà à son actif un roman paru chez BSN Press en 2018 sous le titre Le rendez-vous. Mais son nom est surtout familier aux amateurs de théâtre, Jean-Luc Borgeat exerçant principalement les activités de comédien et metteur en scène.

Inaugurés ce samedi 24 septembre devant une salle comble et dans un écrin à la hauteur de l’événement, la somptueuse salle des Mariadoules à Aran-Villette, ces deux ouvrages matérialisent la naissance d’une nouvelle maison d’édition en terres vaudoises. Les bien nommées éditions de la Rive dont le fondateur Christian Dick embrasse du regard l’ensemble du lac depuis son fief d’Epesses. Ayant cessé depuis trois ans ses activités d’entrepreneur, il avait toutefois conservé sa société dans l’idée de lui trouver une autre affectation.

«Depuis les années que je fréquente le milieu littéraire romand, j’ai eu de nombreuses occasions de constater que notre région regorge de belles plumes qui méritent d’être mises en lumière. A travers ce concours et les livres que je publierai ultérieurement, je compte y contribuer à mon échelle», déclare le nouvel éditeur. Lui-même auteur de trois romans policiers et de deux récits de voyages, Christian Dick a su fédérer par son enthousiasme et sa générosité une sympathique équipe de bénévoles qui s’est immédiatement déclarée prête à rempiler. Et ça tombe bien, puisque le prochain concours est déjà lancé en partenariat avec la commune de Bourg-en-Lavaux.

Si vous faites partie des belles plumes de notre terroir, n’hésitez donc pas plus longtemps à noircir entre 70 et 83 pages A4 de tout ce que vous inspirera le thème de l’addiction et à soumettre votre manuscrit d’ici au 15 mai 2023. Avec ce qu’il faut de chance et de talent, c’est peut-être vous, lectrice, lecteur de Bon Pour La Tête, qui vous retrouverez l’an prochain, sur le podium des lauréats.

Renseignements: editionsdelarive@bluewin.ch 

«Mécanique du crime», Reto Steffen, Editions de la Rive, 164 pages.