Chronique / Super puissance
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Elle s’appelle S, elle s’est levée tôt comme les gens qui travaillent, elle travaille, elle possède un emploi, elle est encore en période d’essai mais elle travaille. Elle s’appelle S, elle s’est levée tôt pour aller au travail, elle aime arriver un peu en avance au travail pour avoir le temps de prendre un dernier café avant de se mettre à son poste. Elle s’appelle S, elle arrive au travail avec un peu d’avance, pour ne pas se presser dans les vestiaires, ne pas se faire mal au dos, et pour avoir le temps de prendre un dernier café. Elle arrive, son supérieur hiérarchique − on dit «responsable» − la regarde bizarrement lorsqu’elle arrive et lui dit «Bonjour S, tu es en avance» et elle dit «Oui, c’est parce que j’aime bien avoir le temps de prendre un café» et son supérieur hiérarchique − on dit «responsable» − répond «Ah, d’accord» et elle monte aux vestiaires pour se mettre en tenue.
Dans l’escalier elle croise une collègue qui n’est pas en avance mais qui commençait une heure plus tôt, elle dit «Salut, ça va?» et la collègue répond «Toujours!», comme à chaque fois, la collègue répond toujours «Toujours!» à la question «Ça va?», comme beaucoup de collègues ici qui répondent toujours «Toujours!». Elles ne disent pas «Bien» ou juste «Oui et toi?», elles ne disent pas non plus «Bof» ou «Pas terrible», elles disent «Toujours!», comme pour signifier qu’il n’y a pas de faille, qu’il n’y aura jamais de faille dans le fait d’aller, on peut compter sur elles pour aller, toujours, la question est presque superflue, finalement, pour ces collègues, puisque ça va toujours.
Elle s’appelle S, elle est dans les vestiaires, elle change de chaussures et de tenue, elle laisse ses habits et toutes ses affaires dans le petit casier et elle va vers la salle de pause pour prendre son café, la salle de pause est vraiment minuscule mais c’est la seule pièce par ici qui possède une fenêtre, une seule fenêtre que les collègues qui fument oublient souvent de fermer derrière eux et qui refroidit beaucoup la pièce, mais enfin c’est une fenêtre et c’est tout de même agréable de regarder dehors et de voir le temps qu’il fait et la lumière changer, qui dit le temps qui passe.
Elle s’appelle S, elle est arrivée un peu en avance pour avoir le temps de prendre un dernier café avant de se mettre à son poste, mais la porte de la salle de pause est fermée à clef, c’est le patron qui ferme à clef − on dit «directeur» −, il a oublié d’ouvrir ce matin, probablement, et S ne sait pas où est le patron − on dit «directeur» −, elle ne sait pas non plus si elle oserait aller lui demander d’ouvrir la porte de la salle de pause si elle savait où le trouver, donc finalement elle est là, elle est en avance et il n’y a rien à faire et nulle part où s’asseoir par ici, pour attendre, donc elle va se mettre à son poste, ce n’est pas très grave, elle commence sa journée un peu plus tôt que prévu, ce n’est pas très grave.
Elle est à son poste, ça y est, mais il n’y a pas encore de client, alors elle prend le spray pour les vitres et le rouleau de papier ménage, elle astique un peu autour d’elle, la plaque de plexiglas qui la sépare des clients, les compartiments de la caisse, le tapis roulant, les touches du lecteur de carte bancaire. Tout est déjà propre, puisqu’elle a tout nettoyé la veille au soir, à la fermeture, juste avant de quitter son poste, mais enfin elle ne peut tout de même pas rester là sans rien faire, alors elle astique à nouveau, pour être sûre, pour le principe, pour ne pas être bêtement inactive.
Il y a la caméra de surveillance juste au dessus d’elle, elle sait que la caméra est reliée au bureau du patron − on dit «directeur» − même si elle ne sait pas où se trouve ce bureau, il y a aussi le supérieur hiérarchique − on dit «responsable» − qui vient la voir pour lui dire «Eh dis donc, molo avec le papier ménage, ça pousse pas sur les arbres!», et il lui montre, deux feuilles suffisent, pas la peine d’en prendre trois, il lui dit «Tu vas pas nous couler la boîte, quand même!», et elle rigole gentiment, et elle dit merci, qu’elle a bien compris, deux feuilles pour les prochaines fois, ça marche, pas de problème.
Les clients arrivent, ça y est, ça commence, les champs visuel et sonore rapetissent et se resserrent, elle entend les bips et elle voit les codes barres, c’est le plus important, les bips et les codes barres, un pour un, c’est l’équilibre, un code barre = un bip. Un code barre sans bip c’est très mauvais, deux bips pour un seul code barre c’est très mauvais aussi, s’il n’y a pas de bip on l’accusera de voler le magasin et s’il y a deux bips c’est le client qui dira qu’on le vole, alors l’équilibre, l’équilibre à tout prix, un pour un.
Dans les mots aussi, l’équilibre, saluer, remercier, souhaiter la bonne journée, un pour un, toujours et avec l’attitude, le sourire et la passion d’être au cœur de la consommation et du plaisir, comme c’est écrit dans son contrat, l’attitude PEPS − Passionnée, Engagée, Professionnelle et Sympa −, exprimer et partager sa passion d’être au cœur de la consommation et du plaisir, elle y pense souvent, elle pense à l’attitude PEPS et à tous les mots dans son contrat et dans les bouches autour d’elle, client, produit, article, bien achalandé, elle se demande si vraiment quelqu’un pense comme ça, si quelqu’un, un jour, quelque part, a lu la définition de l’attitude PEPS et a pensé «Voilà, oui, carrément, c’est tout moi, ça, c’est ça que je veux, putain, transmettre ma passion d’être au cœur de la consommation et du plaisir, voilà ce que je veux faire, bordel, et puis merde si le salaire n’est pas fameux, c’est ma passion après tout, voilà, on n’a qu’une vie, je ne fais pas ça pour l’argent de toute façon...», elle se demande.
© Benoit Baudinat
Elle s’appelle S, et elle dit environ 80 fois par jour la phrase «Avez-vous la carte de fidélité?» et en début de journée ça va, mais à partir de 14h les mots sont comme une pâte dans sa bouche, et elle doit se concentrer pour articuler, pour être comprise par le client, car s’il ne comprend pas du premier coup elle devra dire la phrase une fois de plus, et alors peut-être ne parviendrait-elle pas à maintenir tout à fait l’attitude PEPS, peut-être laisserait-t-elle échapper un soupçon d’agacement, de fatigue, un petit morceau de la grosse pâte qui emplit peu à peu sa bouche, et le client pourrait se sentir trahi, blessé, lui qui était simplement venu là pour recevoir un peu de passion, un peu d’engagement, du professionnalisme sympa, pour le plaisir pur et simple d’être au cœur de la consommation.
Elle s’appelle S, et entre deux clients elle discute avec ses collègues, c’est à dire qu’elle échange quelques mots avec la personne assise derrière elle, à l’autre caisse, et ensemble elles tentent de se comprendre, d’en apprendre un peu l’une sur l’autre, même si c’est compliqué, entre deux clients, entre deux bips qui correspondent à deux codes barres, d’établir un contact sain et allègre avec une personne. Elle dit par exemple «Avant je travaillais dans la culture, mais bon, autant te dire que maintenant avec tout ce qui se passe, la culture, c’est mort» et la personne derrière elle lui répond «Ah bon, mais les paysans ça marche quand même toujours bien, non?» et puis un client arrive, accueillir, saluer, un bip, un code, la carte de fidélité, remercier, et puis la bonne journée, et puis revenir à la conversation et dire «Ah non, mais moi je voulais dire la culture dans les musées et tout ça...» et puis un nouveau client, l’attitude PEPS, la passion et l’équilibre, un pour un, et puis le rebond «Ah bon, mais tu faisais quoi dans les musées ?», un bip, un code, la bonne journée, elle essaie d’expliquer «Ben, de la médiation, de la communication, de la régie, enfin moi c’est ce que j’aime à la base, voilà...», la bonne journée, fidélité, carte, accueillir et puis la réponse «Ah bah ça après, les goûts et les couleurs...».
Elle s’appelle S, elle travaille, elle parle aussi avec les clients, ceux qui veulent parler, ceux qui lui parlent, elle répond, elle s’adapte au registre, un homme lui dit par exemple «Il s’appelait comment le poulet que j’achète, là? Ce serait bien que vous sachiez, c’était un être vivant, quand même...» et la femme qui l’accompagne rigole et dit «oh écoute, chéri, arrête, tu vas le manger de toute façon...», et elle leur sourit, elle exagère même le sourire pour qu’il se voit malgré le masque qu’elle porte, elle a compris que c’était de l’humour, alors elle sourit, même si elle ne trouve pas ça drôle.
Elle s’appelle S, elle travaille et elle remercie, un pour un, et les clients lui disent «De rien, ma grande», ou bien «Merci, ma petite», ou alors «Au revoir, jeune fille» et c’est désagréable à chaque fois, elle voudrait leur dire qu’elle s’appelle S, ou Madame, ou rien du tout plutôt que n’importe quoi d’autre, mais elle n’a pas le temps, elle ne peut pas, la bonne journée, l’équilibre, un pour un. Elle dit «Comment voulez-vous régler?» et de temps en temps on lui répond «En nature?», ça arrive, c’est désagréable à chaque fois, elle ne sourit pas, elle dit «Non merci, chèque, carte ou espèces...» et on lui dit «Ah bon, dommage...», ou alors «Oh ça va, c’était pour rigoler...» et c’est désagréable à chaque fois, un pour un.
Elle s’appelle S, elle travaille, et pour chaque heure travaillée elle gagne 3 minutes de pause qu’elle cumule comme des points de fidélité et dont elle dispose lorsque son supérieur hiérarchique − on dit «responsable» − passe la voir et lui indique que c’est le moment, elle a par exemple 9 minutes.
Elle s’appelle S, elle verrouille sa caisse et se précipite le plus dignement possible aux toilettes, puis en salle de pause, déverrouillée par le patron − on dit «directeur» −, il lui reste 7 minutes, elle a toujours 40 centimes dans sa poche pour la machine à café, la fenêtre est restée ouverte, elle prend son téléphone et filme l’extérieur pendant que son gobelet de café se remplit, chaque fois une minute, elle perd une minute de repos mais ça vaut la peine, c’est important pour elle, elle aime bien ça, les goûts et les couleurs, filmer l’extérieur, une minute chaque jour, la pluie, la neige, le soleil, elle veut le faire, elle n’en parle à personne, un jour quelqu’un la verra faire et il faudra tout expliquer, mais d’ici là elle est seule à savoir, filmer chaque jour, une minute de pause, l’équilibre, c’est important.
Elle s’appelle S, il lui reste 5 minutes de pause, et elle sait d’expérience que pour les faire durer, elle doit se maintenir dans l’état mêlé de tension nerveuse et d’ennui qui est le sien lorsqu’elle est à son poste, puisque c’est au travail que le temps s’arrête, et un rien de rêverie, de détente, de méditation suffirait à l’accélérer, furtivement et à tout jamais. Elle se force à demeurer crispée, juste ce qu’il faut, elle trépigne, elle regarde sa montre, tout va bien, les secondes s’écoulent à un rythme normal, tout est sous contrôle.
La pause, c’est la pause, la pause légale, et les muscles de son dos, de sa nuque et de ses poignets doivent absolument bénéficier de chaque seconde de cette pause, sans quoi elle aura trop mal d’ici à la fermeture, et pour ça elle doit contraindre son esprit à ne pas se relâcher, à ne pas se détendre, c’est tout le paradoxe, elle le sait d’expérience, pour se reposer elle doit faire exister le temps du repos, mais si elle se repose le temps va bondir, elle n’aura pas le temps, si elle se détend le temps va bondir et elle ne pourra pas détendre les muscles de son dos, de sa nuque et de ses poignets qui ont impérativement besoin de chaque seconde des 4 minutes de pause qu’il lui reste, elle doit donc rester tendue, pour ralentir le temps, tendue pour se détendre, c’est tout le paradoxe, elle le sait, et pourtant le simple fait d’y avoir pensé a suffi pour engloutir le temps, le faire bondir, c’est fini, il lui reste 30 secondes pour refermer la fenêtre et se précipiter le plus dignement possible à son poste, c’est fini, ça recommence.
Elle s’appelle S, ça recommence, mais pour les trois prochaines heures c’est différent, pour les trois prochaines heures qui lui permettront de cumuler 9 nouvelles minutes de pause c’est différent car son supérieur hiérarchique − on dit «responsable» − lui demande de s’occuper du facing, au début elle ne savait pas ce que c’était, le premier jour elle n’a pas compris le regard compatissant que lui a lancé sa collègue de derrière lorsqu’on lui a demandé de s’occuper du facing, mais maintenant elle sait, elle connait le facing, elle s’y met, et si elle est assez rigoureuse, si elle s’organise bien, peut-être pourra-t-elle se laisser aller, tout en faisant le facing, à quelques instants de rêverie, un peu de pensée vagabonde, pour voir si le temps peut bondir tandis qu’elle fait du facing.
Elle pense au facing, pour ne pas rêver trop loin, ne pas trop s’éloigner du facing, pour facilement y revenir, au réel, elle pense qu’elle dispose les articles − et déjà ses dents grincent à l’énoncé «disposer les articles» −, elle dispose les articles et elle pense que facing est un anglicisme et qu’en français on pourrait dire enfaçage, que ce qu’elle fait c’est disposer les articles pour maximiser leur capacité à se vendre par eux-mêmes, puisque c’est ainsi que fonctionne la vente en libre service, les articles doivent se vendre par eux-mêmes, ils doivent se vendre seuls, une fois en rayon ils sont totalement livrés à eux-mêmes, les articles, ils sont seuls pour se vendre, personne ne viendra dire au client qu’il devrait acheter cet article, que ça ferait plaisir à l’article, qu’il le mérite, non, l’article devra compter sur sa seule force pour se vendre.
Elle dispose des boîtes de cassoulet et elle pense que des personnes ont réellement étudié le pouvoir de ces boîtes de cassoulet de se vendre par elles-mêmes, et comment maximiser ce pouvoir, que la boîte de cassoulet est bien plus puissante si elle est disposée en rangée compacte, disons des rangées de trois − on dit «frontale de trois» −, que la main du client qui est une extension de son œil ira davantage vers la boîte de cassoulet si le facing est bien réalisé, s’il n’y a pas de trou dans les rangées, si l’étiquette est bien orientée, si le prix est bien lisible, et l’ensemble de ces paramètres font de la personne qui s’occupe du facing une alliée de la boîte du cassoulet, une complice, une sorte d’entraîneuse qui viendrait cycliquement voir l’article pour le redisposer, le remettre en forme, en conditions maximales de puissance de vente.
Elle s’appelle S, elle dispose des grands sacs de croquettes pour chats et chiens, elle fait du facing, c’est à dire qu’elle se met à quatre pattes et projette son bras tout au fond de la rangée pour attraper les grands sacs de croquettes du fond et se râpe les bras et les doigts sur le métal du rayonnage en ramenant les grands sacs tout devant, sur une belle frontale de trois, pour faire face au client, bien dignement, et en ramenant à l’avant les grands sacs de croquettes son œil dérape sur la liste des ingrédients, elle lit «sous-produits animaux», ce qui ne lui semble pas très digne, ce qui ne maximise pas la puissance de l’article, c’est pourquoi la liste d’ingrédients est sur le côté, invisible de face, et à l’avant du sac de croquettes on peut lire «le plein de ressources pour votre animal!» et elle pense qu’elle aussi est une ressource, une ressource humaine.
Elle s’appelle S, elle est une ressource humaine, comme le cuivre, la tourbe ou le pétrole, mais humaine, et elle entraîne des boîtes de cassoulet et des sachets de pain de mie à être au maximum de leur puissance, elle cumule des minutes de pause sur sa carte de fidélité, elle se crispe pour avoir le temps de se détendre, elle a l’attitude PEPS, elle rayonne de toute sa passion d’être au cœur de la consommation et du plaisir, elle n’utilise que deux feuilles de papier ménage, elle pense à ses 9 minutes de pause, qui ne sont pas tout à fait 10 minutes, comme les 99 centimes ne sont pas tout à fait le franc, elle veille sur les articles qui ne doivent pas perdre la face pour réussir à se vendre seuls, elle va toujours, toujours, toujours, on peut compter sur elle, elle ne va pas couler la boîte, elle est une ressource inépuisable, elle est une énergie renouvelable, elle chantonne en faisant du facing, elle chantonne l’air de rien, elle dit «j’en ai plein le haricot, j’en ai plein le berlingot, j’en ai plein la soupe miso, j’en ai plein le risotto...» et elle improvise comme ça, rayon après rayon, elle vient de faire trois heures de facing, elle part en pause, très dignement, elle a 9 minutes, la fenêtre est restée ouverte, par la fenêtre elle filme une minute de l’extérieur tandis que son gobelet de café se remplit, c’est important, les goûts et les couleurs, un pour un, elle se crispe pour se détendre, la clef du patron − on dit «directeur» − est restée dans la serrure, il l’a oubliée là, la clef est dans la serrure, elle s’appelle S, elle se détend tout à coup, elle a l’attitude PEPS, pleinement, pour la première fois, elle prend la clef, elle tourne la clef, elle verrouille la porte de l’intérieur, la porte de la salle de pause, elle n’a plus le temps, elle vient de découvrir le temps, elle vient d’entrer dans le temps, ses 9 minutes sont écoulées, son supérieur responsable est de l’autre côté de la porte, il dit «Eh, ta pause est finie!», elle a l’attitude PEPS, elle filme la nuit qui tombe, splendide, un pour un, elle dit «Je ne sortirai pas.»
VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
7 Commentaires
@mawe 06.02.2021 | 20h40
«Merci.
C’est du Charly Chaplin en écriture.
C’est du lourd rédigé avec une plume.
»
@XG 07.02.2021 | 06h06
«Très beau texte décrivant bien l’absurdité d’une partie du monde du travail.»
@Elizabeth 07.02.2021 | 09h52
«Superbe texte, merci !»
@Marcot 07.02.2021 | 11h59
«Merci»
@RadioPlancton 08.02.2021 | 18h51
«Radio Plancton est émue par vos messages, et vous remercie à son tour ! »
@Pedalator 09.02.2021 | 14h27
«Très bel hommage aux caissières et vendeuses des grandes surfaces ! Après cette édifiante lecture, on se sent plus concerné, voire plus solidaire avec ces personnes. Encore bravo et merci ! Bernard, jeune retraité, concerné et solidaire »
@LEFV024 12.02.2021 | 21h28
«J'ai bien aimé lire cet article!»