Chronique / En suivant Karl Kraus
À Nietzsche qui commande à chacun de devenir qui il est, Karl Kraus réplique qu'il importe d'abord de devenir qui nous ne sommes pas. Deux injonctions contradictoires entre lesquelles je me garderai bien de choisir tant elles me semblent irréalisables, mais qui sonnent bien.
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Cette observation de Karl Kraus que je reprends volontiers à mon compte: les femmes ne veulent pas d'un protecteur si celui-ci ne représente pas également un danger.
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Le début d'une psychanalyse aboutit à la même conclusion que sa fin: sachez que vous ne pouvez pas guérir. Le nihilisme thérapeutique viennois avait du bon...
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L'homme sain reproche à l'hystérique tout ce qu'il déteste: lui-même.
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En fin de compte, il faut bien se rendre à l'évidence: on ne meurt pas d'une maladie, mais parce que les femmes – et certaines sont plus douées que d'autres – ont ruiné notre santé.
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Le progrès amène l'homme à devenir une carte bancaire.
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La jalousie est une forme d'aboiement qui attire les voleurs.
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Et, pour conclure, ce magnifique trait d'humour: la maladie la plus répandue est celle du diagnostic.
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Ce qui mettait Karl Kraus en joie, c'est l'art d'être vulgaire avec élégance. Il appartenait à la haute école de la misanthropie, tout comme Alfred Eibel qui a traduit ses aphorismes: Il ne suffit pas de lire aux éditions Klinksiek (80 pages, 17 Euros) pour notre plus vif plaisir.
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