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Lu ailleurs

Lu ailleurs / Un Premier ministre proche des Frères musulmans et pro-LGBT


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Pas banal. Le Premier ministre d’Ecosse, Humza Yousaf, 37 ans, concilie des positions fort éloignées. La chercheuse du CNRS Florence Bergeaud-Blackler, auteure de «Le Frérisme et ses réseaux. L’Enquête» (Editions Odile Jacob), tente de décortiquer le personnage dans le «Figaro».



Le principal objectif des Frères musulmans est l'instauration de républiques islamiques à la place des régimes en place dans les pays à majorité musulmane, mais aussi de propager plus largement cette idéologie. Qu’un Premier ministre écossais soit musulman est assurément une nouveauté, mais ce n’est pas l’affiliation religieuse de ce fils d’immigrants né de père pakistanais et de mère kenyane originaire d’Asie qui a suscité des questionnements autour de sa nomination. Ce sont plutôt ses accointances avec le mouvement que Tariq Ramadan, petit-fils de son fondateur, a fait connaître en Suisse. Sur une des photos de sa prise de fonctions, on le voit debout, en train de prier, entouré des seuls membres masculins de sa famille. Lorsqu’il était ministre des Affaires extérieures, Humza Yousaf a notamment accordé une subvention de 398'000 £ à Islamic Relief, organisation caritative liée à la «confrérie». Dont l’un des administrateurs a dérapé en traitant les Juifs de «petits-enfants de singes et de porcs» ou décrivant le Président égyptien comme un «proxénète sioniste».

Que le jeune Premier ministre soit formellement membre de la Confrérie ou pas importe peu, le fait est qu’il a baigné toute sa vie dans cette mouvance. En politique, il a porté haut le discours anti-raciste. Celui-ci est, selon la chercheuse française, «au cœur de la stratégie frériste qui considère l’identité de musulman comme primaire et première. Elle a une vision quasi raciale de l’identité de musulman de ceux qui sont nés dans la "meilleure des religions" ou l’ont rejointe. Au fond pour le frérisme, celui qui naît en islam, ou se convertit, va dans le sens de l’histoire qui devra aboutir à la société islamique mondiale et mondialisée. Militer pour l’antiracisme et s’allier ainsi les professionnels de l’antiracisme, ses structures, ses théories, ses subventions constitue un moyen détourné de promouvoir les musulmans – considérés comme des non-blancs – à des postes de responsabilité, au nom de la justice sociale.»

En 2008, Hamza Yousaf déclarait: «Nous croyons que la nature même de l’islam s’adapte à travers les siècles, mais ce que nous faisons, c’est d’essayer de nous moderniser et de nous rappeler ce que l’islam dit réellement, de tendre la main au peuple écossais.»

Mais par ailleurs, le jeune Premier ministre part en guerre contre l’homophobie et défend les revendications de la communauté LGBT, ce qui lui vaut des soutiens et une image d’ouverture. Il a même déclaré qu’à titre personnel il ne considérait pas l’homosexualité comme un péché et que la foi religieuse ne devait pas être le fondement de la législation. Laquelle des facettes de ce personnage complexe s’imposera-t-elle le plus? A voir. Ce qui est sûr, c’est qu’il n’est guère en position d’accélérer la sécession de l’Ecosse au sein du Royaume-Uni.


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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

1 Commentaire

@Lore 14.04.2023 | 05h58

«Merci
Cette analyse par les têtes pensantes de la recherche française (CNRS) soulève des questions légitimes. D’un autre côté le Royaume-Uni et ses têtes pensantes exigeantes, autocritiques et diversifiées peut être un lieu d’émergence de nouvelles façon de vivre ensemble, de penser le lien aux religions et de faire évoluer les pensées rigides tout en restant vigilant.
Un mélange de pragmatisme, de besoin de contrôle et de volonté de pousser la réflexion toujours plus loin.

»


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