Lu ailleurs / Un droit biffé en Ukraine
Le site journalistique tessinois naufraghi.ch apporte des éclairages originaux sur l’actualité. On y trouve des signatures connues en Suisse italienne, comme celle de Silvano Toppi, ex-rédacteur en chef de «La Regione». Qui jette un regard critique du côté de l’Ukraine.
«On sait pour quelles raisons ou pour quelle défense des droits on est avec l'Ukraine et non avec la Russie, avec Zelensky et non avec Poutine. Mais dès que l'on essaie d’ajouter un si, un mais, un comment, pour beaucoup, c'est déjà la capitulation, la trahison, le pacifisme ou la neutralité marquée par l'ambiguïté, l'incohérence ou l'opportunisme…» Toppi estime que l’on ne peut pas prétendre combattre pour les droits de l’homme et en tordre certains. «La libéralisation, la numérisation et la déréglementation seront les principaux facteurs de l'environnement économique de l'Ukraine», a assuré le Premier ministre ukrainien Denys Shmyhal au Forum économique de Davos il y a un an.
Cela a fait plaisir à qui l’on sait. Mais le dernier mot, dérégulation, fait grincer les syndicats ukrainiens, relève Toppi. «Concrètement, la loi récemment ratifiée exclut les travailleurs des entreprises de moins de 251 employés du cadre légal du droit du travail. Chaque employé doit désormais négocier un contrat directement avec l'employeur. Une disposition qui concerne 70% des salariés ukrainiens, qui perdent ainsi le bénéfice des conventions collectives ou sectorielles. Ainsi, le droit accordé aux employeurs de licencier à volonté, mais aussi d'ordonner au personnel (une nécessité quasi incontournable) de faire des heures supplémentaires "dès que nécessaire". Mais ce n'est pas tout. Le gouvernement a également adopté une loi autorisant les employeurs à suspendre le paiement des salaires si les circonstances de la guerre le justifient.»
Pourquoi cela? «Objectif affiché: soutenir les entreprises de la région orientale les plus touchées par la guerre. "Mais en réalité, elle a été utilisée dans tout le pays", affirme Vitalii Dudin, président du conseil d'administration de l'organisation Sotsialnyi Ruh (Mouvement social), expliquant que cette mesure a créé un chômage caché, non enregistré en tant que tel, et qu'environ 100'000 Ukrainiens ont été touchés par cette suspension de salaire.»
Voilà qui augure mal des lendemains de la malheureuse Ukraine.
VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
2 Commentaires
@Da_S 07.04.2023 | 10h39
«A lire aussi dans ce contexte:
https://histoireetsociete.com/2022/05/10/le-vrai-zelensky-de-la-celebrite-populiste-a-limpopulaire-neoliberal-a-la-pinochet/
»
@stef 20.05.2023 | 18h15
«Les infos en Europe - et donc en Suisse - semblent être particulièrement biaisées.
Comme si la protection du sacro-saint libéralisme était plus important que les Ukrainiens eux-mêmes.
Sous couvert d'un conflit régional, le grand capital mondial avance, masqué, afin de dépouiller la classe moyenne de tous ses droits chèrement acquis, pays par pays, région par région.
Soyons vigilants !»