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Le directeur de la publication «Jeune Afrique», Marwane Ben Yahmed, met le doigt où ça fait mal. Il rappelle que le continent possède d’énormes réserves d’hydrocarbures avérées. Notamment 13’000 milliards de m3 de gaz naturel. Mais ces multiples richesses, en minerais aussi, ne sont pas traitées sur place alors qu’elles pourraient être une source considérable de développement et de bien-être.



«Pourquoi la Guinée s'évertue- t-elle à vendre sa bauxite au lieu de I'aluminium qu'elle pourrait produire à partir de ce minerai? Pourquoi le Gabon exporte-t-il son bois et non les meubles avec lequel ils sont fabriqués en Chine et qu'il est contraint d'importer? Pourquoi le Nigeria achète-t-il I'essence dont il a besoin alors qu'il est un géant pétrolier? La réponse est aussi simple que désespérante: parce qu'ils n'ont pas les moyens de faire autrement!

Il y a bien des projets intéressants mais verront-ils enfin le jour à temps? Prenons un exemple concret: gràce au gaz, dont il va devenir producteur d'ici quelques mois, le Sénégal pourrait bien changer de dimension économique. Dans des proportions qui n'ont rien à voir avec les seules recettes directes qui viendront alimenter les caisses de l'Etat, et donc son budget. Ce gaz peut être un véritable «game changer», comme disent les Anglo-Saxons, à condition de voir grand. L'Afrique de l'Ouest tout entière devrait d'ailleurs en profiter. L’ambition du pays de la Teranga de devenir le hub de transformation minière de la région grâce à ses importants gisements gaziers pourrait être un levier de développement socio-économique sans précédent sur le continent.» Et il ajoute: «En outre, l'Afrique de l'Ouest a un double atout: la complémentarité des ressources de son sous-sol (gaz sénégalais, bauxite guinéenne ou fer sierra-léonais) et sa proximité avec l'Europe.»

Les chiffrent parlent. «Revenons à la bauxite produite en Guinée: elle est vendue au port de Conakry 30 dollars la tonne, alors qu'elle vaut 400 dollars la tonne transformée en alumine, et 3'000 dollars la tonne, en aluminium. Une multiplication par 100 de sa valeur ajoutée grâce à un processus industriel qui n'a rien de sorcier, pour peu que l’on dispose d’électricité. En étendant à la transformation des autres minerais (fer, or, phosphates, zircon...), la demande énergétique pour la valorisation des ressources naturelles serait forte, mais I'Afrique est en mesure de la satisfaire avec plus de 13'000 milliards de mde réserves prouvées de gaz naturel. En somme, ce gaz permettra la production d’électricité, donc l'industrialisation, donc la transformation locale, le développement d'une agriculture moins archaïque, mécanisée et aux meilleurs rendements (ce qui rendra possible la production de ce qui est aujourd'hui importé), la production d'engrais. C'est un cercle vertueux inouïe qui pourrait profiter au plus grand nombre, en créant les emplois qui absorberont la masse de nouveaux arrivants dans tous les secteurs de l'économie. Et en permettant à l'Etat de consacrer ses nouvelles ressources à I'essentiel: libérer les laissés-pour-compte du carcan de la pauvreté dont ils sont prisonniers, investir massivement dans l’éducation et la santé.»

Ce que le journaliste ne précise pas: il faudrait pour cela des gouvernements déterminés, non corrompus, prêts à imposer leur volonté aux multinationales peu désireuses d’une telle révolution.


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VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

3 Commentaires

@willoft 08.12.2023 | 02h50

«Il est évidemment plus facile de financer le RN, afin que les choses n'évoluent pas !»


@Qovadis 13.12.2023 | 03h14

«Eh hop ! Cramons ces 13’000 milliards de m3 de gaz, ça ne fera jamais vraiment que 26 gigatonnes de CO2 qui finiront dans l’environnement.»


@stef 03.01.2024 | 21h30

«Cela serait un sacré changement pour l'Afrique »


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