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Lu ailleurs

Lu ailleurs / Le franc-parler de l’ambassadeur américain à Tirana

Gian Pozzy

9 octobre 2017

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Il existe à Munich un quotidien en ligne intitulé piqd. Piq comme picorer, trier à la main. Ce site s’est spécialisé dans le picorage d’articles dans toute la presse internationale. Et s’il picore, c’est pour parer au déluge d’information auquel chacun de nous est désormais exposé: non seulement il résume, mais il tâche de ne nous livrer que des infos qui sortent vraiment de l’ordinaire.

Ainsi en va-t-il du franc-parler de Donald Lu, ambassadeur sino-américain à Tirana (Albanie). Les diplomates américains, on le sait, ne sortent souvent pas du moule du Département d’Etat. Ils ne maîtrisent donc pas forcément la langue de bois, appellent un chat un chat et créent parfois des scènes de ménage. Surtout quand, à l’instar de Donald Lu, ils parlent la langue du pays. Le journaliste suisse d’origine kosovare Enver Robelli s’en est fait l’écho dans la Basler Zeitung du 4 octobre.

Il y a quelques jours, relate Enver Robelli, un discours de Donald Lu devant une assemblée de juges et d’avocats a fait scandale dans les chaumières. Selon lui, l’Albanie est dominée par quatre clans mafieux que dirigent une vingtaine de familles criminelles. Lu a nommément cité les noms de trois boss mafieux que tout le monde connaît dans le pays. Précédemment, il avait déjà dit à une assemblée de juges: «Si vous avez au poignet une montre plus coûteuse que ma limousine de service, c’est que vous êtes corrompus.» A la réunion suivante, paraît-il, les magistrats sont venus avec une tocante bas de gamme.

Les langues de l'ambassadeur

Ambassadeur en Albanie depuis 2014, Donald Lu se bat pour que le petit pays des Balkans devienne un jour fonctionnel et puisse accéder à l’UE. Par son influence, il a réussi à imposer au Parlement, envers et contre l’avis de la plupart des dirigeants, une réforme de la justice qui vise à ce que la moralité, la compétence et les accointances des quelque 800 juges et procureurs albanais soient contrôlées (selon une étude, la fortune des 81 juges de la Cour d’appel a quintuplé depuis 2004). Il insiste pour que cette réforme soit désormais mise en vigueur.

Incidemment, outre l’anglais, le chinois et l’albanais, l’ambassadeur Lu parle l’urdu, le hindi, le russe, le géorgien, l’azéri et le créole de Sierra Leone.


Le site piqd
L'article orignal de la Basler Zeitung: «Der Superalbaner»


VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

1 Commentaire

@markefrem 08.12.2017 | 07h06

«À quand de tels ambassadeurs dans certains pays ?
Serait-ce la bonne antidote à la corruption ?»