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Lu ailleurs

Lu ailleurs / La Belgique veut aussi jouer dans la cour des grands

Joséphine le Maire

19 janvier 2018

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Depuis des mois, Kim Jong Un et Donald Trump ne cessent de se chamailler, scène à laquelle le monde entier est tenu d’assister, mi-effrayé, mi-amusé. Presque aucun jour ne passe sans qu’on ne parle d’eux. Le secrétaire d'Etat à l'Asile et la Migration belge, Theo Francken, aimerait aussi faire parler de lui et on dirait bien qu’il a trouvé le moyen de le faire.



La Belgique a le chic pour gonfler sa notoriété internationale malgré elle. Tout a commencé avec l’exploit des 541 jours consécutifs sans gouvernement. Plus récemment, c’est l’hébergement de Carles Puigdemont qui a fait polémique. Et aujourd’hui si le royaume se retrouve sous les projecteurs c’est parce que les autorités soudanaises et belges ont travaillé de concert pour expulser des Soudanais, alors même que ces derniers risquent fort probablement d’être torturés dès leur retour au pays.  

Le bruit des casseroles porte loin

Ces renvois ne sont pas passés inaperçus aux Etats-Unis et Theo Francken (N-VA), à qui on doit ce douteux partenariat belgo-soudanais, non plus. Il a été qualifié plusieurs fois par le Washington Post d’«anti-immigration» et maintenant, c’est au tour d’un autre journal de souligner les frasques xénophobes du nationaliste flamand.

En effet, la semaine passée, le New York Times rappelait qu’en septembre dernier le secrétaire d’Etat à l’Asile et la Migration avait dû s’excuser pour avoir qualifié les interpellations de migrants par la police belge de «nettoyage» tout en précisant que ce politicien est connu pour ses «commentaires incendiaires sur l’immigration».

A l’image de Trump

Soyons honnête: que Theo Francken ne fasse pas l’unanimité avec sa politique migratoire «stricte mais juste» est monnaie courante au point qu’interroger ses décisions n’a rien d’inédit. Cela dit, le New York Times fait un pas de plus dans la critique en qualifiant cet homme politique de «Trump flamand».

Face à cette provocation, le Belge ne tarde pas à se faire entendre sur Twitter:

Et à reposter une vidéo, sous-titrée en anglais pour l’occasion, qu’il avait réalisée et utilisée pour riposter aux attaques du Washington Post début janvier:

Si la comparaison (un peu facile) était déjà sur les lèvres de certains politiciens de la coalition belge, il n’en reste pas moins que les tweets de Theo Francken donnent raison au New York Times. Ainsi, ce n’est pas (uniquement) le fait de serrer la vis de l’immigration en Belgique ni la tendance populiste de son discours qui rapprochent le secrétaire d’Etat belge du président américain. Ce sont surtout ses réactions, à chaud et fréquentes, sur Twitter qui laissent entendre que la politique des deux hommes se ressemble.Plutôt que de se sentir intimidé par Donald Trump (qui pensait que la Belgique était une «ville magnifique»), Theo Francken est pressé de pouvoir intégrer la salle de jeu du leader américain et toute la notoriété qui va avec.

Et si pour cela il doit piquer une ou deux colères sur Twitter, il le fera.

Et si pour cela, il doit engager publiquement son diagnostic mental, il le fera aussi.

Si c’est cela la clé pour avoir un gros bouton nucléaire sur son bureau, qui ne tenterait pas sa chance? Peut-être Francken pense-t-il pouvoir recrédibiliser le royaume de Belgique sur le plan international avec ça.


L’article en néerlandais de Gazet van Antwerpen : «Theo Francken na vergelijking van New York Times: ‘Ik, de Vlaamse Trump? Come again?!’»

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