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Actuel / L’intelligence artificielle est-elle aussi maline qu’on le dit?

Jacques Pilet

21 mai 2019

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Il y a des sujets de préoccupation qui courent dans les discussions sans que l’on puisse vraiment les saisir. Parce que diablement complexes. L’intelligence artificielle bouleverse déjà le monde du travail. Mais va-t-elle bousculer aussi l’intelligence humaine? Nous allons consacrer quelques articles à la question. Quant à vous, n’hésitez pas à réagir, à poser des questions.



Ces robots dits intelligents interviennent bien au-delà des usines: dans la médecine, la banque, la gestion des entreprises, la surveillance policière et tant d’autres domaines. Mais que font-ils au juste? Ils sont capables d’analyser avec une rapidité immensément supérieure à celle de l’esprit humain des quantités de données faramineuses. Et ils proposent des synthèses ou des actions selon les schémas préétablis que l’on a mis dans leur tête électronique.

Est-ce de l’intelligence? Au sens étymologique du mot, oui. Il dérive du latin intelleggere, avec deux racines: inter (entre, liaison) et legere (cueillir, choisir, lire). Réunir donc des éléments et les relier entre eux. Ce que savent faire ces machines. Mais l’intelligence humaine va bien au-delà: elle imagine, elle fait place à l’intuition, à l’émotion, à la perception subtile des discours et des comportements. Et à cet égard, les robots sont nuls.

Dire la peur qu’ils nous inspirent ne fait pas avancer la cause de la dignité humaine. Il s’agit plutôt de voir où l’IA est utilisée, parfois à bon escient, parfois à des fins redoutables. Il s’agit aussi de ne pas laisser dériver l’esprit humain vers la logique rigide propre à ces programmes.

Tout un travail. Nous le commençons avec un dessin, avec de l’humour. Parce que sur ce terrain, nous n’avons rien à craindre. Les produits de l’informatique sont parfois géniaux mais ils ne sont pas près de nous faire rire.

VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

3 Commentaires

@dtone 28.05.2019 | 22h59

«L'intelligence artificielle c'est la bêtise naturelle. Cette définition, affichée sur la porte d'un laboratoire de recherche universitaire des années 90, résume bien l'état de la science aujourd'hui. Ainsi après la hype de la digitalisation on nous rebat les oreilles avec la c... pardon, la bêtise naturelle. Cela me les brise au plus haut point (pas les oreilles vous l'aurez compris). Pour plusieurs raisons. D'abord parce que comme signifié précédemment elle n'a rien de nouveau. Ensuite parce que malgré des progrès indéniables, plus dûs à la puissance brute du matériel qu'à la soit-disant intelligence artificielle des algorithmes, l'AI n'est toujours pas capable d'effectuer des tâches que sa contrepartie naturelle accomplit bien mieux. Prenez l'exemple de la traduction. Pour passer de la dépression à l'hilarité il suffit de se rendre sur Google translate, de lui faire ingurgiter un texte dans la langue étrangère de son choix et de lui demander de le régurgiter en français. On se rend vite compte de la pertinence et de la force de la définition ci-dessus. Autre exemple: la reconnaissance de la parole. Comme je ne suis pas techno averse je teste régulièrement mon assistant vocal afin de ne pas manquer le moment historique (dans un futur encore assez lointain) à partir duquel il me sera d'une réelle utilité. A la réflexion, les objets ou logiciels hyperprotéinés à l'AI ne sont que le fruit d'un programmeur à l'intelligence toute naturelle. Même si certains ordinateurs sont capables de produire du code, c'est encore une intelligence naturelle qui leur a inculqué des schémas d'apprentissage. Alors l'intelligence artificielle ça n'existe pas.»


@Gio 30.05.2019 | 20h39

«Un sujet intéressant aux avis divergents qui traverse les époques, d’Asimov à Jaquier l’AI est au service de l’homme et je doute fort que l’inverse soit possible un jour même s’il nous plaît de l’imaginer.
»


@petitpie 12.06.2019 | 16h30

«Certaines personnes pensent que l’invention est basée sur les émotions. Les émotions enflamment l’esprit, mettent les personnes qui les subissent en sueur et les poussent à réaliser un but. C’est ce qui est arrivé à Newton. Il a reçu une pomme sur la tête, certainement une nuit de pleine lune, le poussant à faire la liaison entre les deux objets. La fulgurance de l’intuition l’a certainement rempli d’émotions qui l’ont en quelque sorte fixé sur ce problème. A partir de là, il a mis en relation tous les éléments des mathématiques naissantes, les composant, les triturant, etc. Mais il ne s’est jamais assis à sa table de travail en se disant qu’il allait « inventer » la loi de gravitation. Il me semble qu’on ne peut donc pas dire que l’humain, plus qu’un ordinateur programmé, se trouve tout seul un but intelligent. Une invention procède effectivement la plupart du temps d’une intuition devant un faisceau d’indices concordants. Mais un programme, fait pour cela par un humain, est-il vraiment incapable de faire ce que cet humain, dérivant d’un mystère qui le dépasse, a réussi à imaginer ? On peut établir une hiérarchie, mais l'humain n'est-il pas lui-même inclus dans une hiérarchie plus large ?»


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