Média indocile – nouvelle formule

A vif

A vif / Comment sauver la radio et la TV publiques?


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Pas sûr que la décision prise en faveur d’une plus grande centralisation de la SSR soit judicieuse dans un pays où le régionalisme est de mise. Pas vraiment tendance non plus.



La SSR a longtemps nagé dans l’abondance. Les revenus de la redevance ne cessaient d’augmenter avec la croissance de la population. Ils compensaient la chute de la publicité. C’est fini. Le montant de cet impôt sera réduit. Un peu ou massivement: le peuple décidera. 

Sa structure tremble sur ses bases. Avec des directions régionales solidement installées et une centrale à Berne qui compte encore 240 collaborateurs. L’annonce des économies prévues (270 millions d’ici 2029, soit 17 % du budget) est ambitieuse. Mais le remaniement va-t-il dans le bon sens? Il est donc prévu de centraliser davantage, l’administration et la production. Comme le ferait une grande entreprise privée. Le hic, c’est que la SSR est un puzzle aux pièces flottantes. Chaque région tient à son autonomie et c’est normal dans ce pays. Des tentatives de les faire collaborer entre elles, il y en a eu. Sans grand succès. A part le sport, les émissions produites entre Alémaniques et Romands ou Suisses italiens sont restées rarissimes. La proposition de la nouvelle directrice générale, Suzanne Wille, d’intensifier ces rapprochements, jusque dans la production de fiction par exemple, est irréaliste. 

Offre réduite et résistances à venir

L’idée, louable en soi, de supprimer les doublons administratifs se heurtera à de fortes résistances. A Zurich, à Genève, à Lugano, on a horreur des ordres qui tombent de Berne. Le cap choisi par le conseil d’administration de la grande maison s’inspire du management classique. Il eut été possible d’en prendre un autre, à l’opposé. Soit une décentralisation complète. Avec une quasi suppression de la direction générale et des plateformes allégées dans les régions. Les radios et les télés publiques doivent coller au plus près à la sensibilité des publics locaux. Ce qui peut se faire avec des moyens beaucoup plus réduits que la grande machine nationale. Preuve en est le succès de Léman Bleu à Genève. 

Ce qui est sûr, avec les options prises, c’est que les Romands et les Tessinois verront l’offre se réduire plus drastiquement que chez les Alémaniques, déjà mieux lotis. Par exemple avec un canal radio d’informations permanentes (SRF 4 News). L’excellente rédaction de Swissinfo à destination de l’étranger (80 collaborateurs) est aussi menacée. 

Reste le problème de fond: le public vieillit. Les jeunes générations ne sont plus accros à la télé, écoutent moins la radio. Elles préfèrent la prolifération des sources sur le Net. Loin des tralalas en grand studio. Imaginer une SSR décentralisée, avec des équipes régionales et locales, légères, inventives, jonglant entre les supports, ce serait dans la tendance de l’époque.

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