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Actuel / Guerre commerciale et paix sanitaire à Genève

Guy Mettan

8 février 2021

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Si l'arrivée de Joe Biden à la Maison-Blanche détend et normalise les relations des Etats-Unis avec l'OMS ou l'Accord de Paris sur le climat, dans le domaine du commerce et de l’économie en revanche, la volonté de coopération américaine risque bien de faire long feu.



Un des premiers décrets signés par Joe Biden a permis de réintégrer les Etats-Unis au sein de l’OMS. Un autre les a fait revenir dans l’Accord de Paris sur le climat. Un coup de téléphone avec Poutine a sanctionné la volonté de prolonger de cinq ans les accords START sur les armements stratégiques.

Voilà pour les bonnes nouvelles.

Dans le domaine du commerce et de l’économie en revanche, la volonté de coopération américaine risque bien de faire long feu. L’OMC, dont la direction est vacante depuis septembre, ne cesse de poursuivre sa dégringolade, bloquée par le différend avec la Chine et le refus américain de remplacer les juges du tribunal d’appel chargé de régler les litiges commerciaux internationaux. Il y a de fortes chances pour que cette situation perdure sous la présidence Biden, même si, début février, celle-ci vient de donner son accord pour soutenir la candidate nigériane, Mme Ngozi Okonjo-Iweala, à la direction de l’organisation.

Le commerce en général, et la Genève internationale en particulier, ne doivent pas s’attendre à de gros changements. Le ton va changer, il sera plus accommodant. Mais sur le fond, la concurrence entre les différents blocs pourrait bien redoubler d’intensité. Dans un tel contexte, on ne voit pas comment les choses pourraient se débloquer.

En 2020, malgré les efforts de l’Administration Trump, le déficit commercial entre les Etats-Unis et la Chine s’est encore aggravé. La crise du Covid, qui se poursuit en Occident alors que la reprise de l’économie chinoise se confirme, ne va pas modifier cet état de fait. Et de toute façon, sans le moteur chinois, c’est toute l’économie de la planète qui va tomber en panne.

Par ailleurs, les grands Etats se sont lancés dans une guerre des monnaies qui ne dit pas son nom. La Chine a toujours veillé à ce que renminbi ne s’apprécie pas trop, de façon à préserver sa capacité d’exporter. La Russie a laissé plonger le rouble, ce qui a pour effet de dynamiser son secteur agricole et, depuis peu, industriel. De leur côté, les Etats-Unis laissent filer le dollar dans l’espoir de favoriser leur réindutrialisation et leurs ventes à l’étranger, tout en rehaussant leurs tarifs douaniers pour les produits chinois et européens. Ce qui entraine des ripostes en rafales.

Enfin, la politique n’aide pas non plus aux échanges. Comme la guerre ouverte n’est pas (encore ?) une option, elle se livre sur le mode feutré, chacun essayant d’étouffer l’autre à petit feu. Les Etats-Unis sont passés maitres dans l’art d’imposer des sanctions économiques sous les prétextes les plus variés à leurs adversaires stratégiques  (Russie, Chine, Iran, Venezuela, Cuba, etc.). Chaque mois, le Congrès vote des nouveaux trains de sanctions que les alliés européens (et suisses) s’empressent de suivre: cela ne facilite ni les échanges ni la sérénité.

Ce n’est pas demain qu’on verra la fin du règlement de comptes à OK Corral.

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