Média indocile – nouvelle formule

A vif


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La perte de 30% d’auditeurs romands depuis l’abandon de la fréquence FM laisse les patrons de la radio-télévision de marbre. Ces chiffres sont pourtant inquiétants pour le débat démocratique.



Les dirigeants de la radio-télévision publique restent imperturbables devant les chiffres accablants de la perte d’auditeurs de la radio après l’abandon de la fréquence FM au profit du DAB. 29 % en moins pour les Romands. La justification donnée de cette mesure est économique. Le maintien des bonnes vieilles ondes coûterait, au dire du porte-parole, douze millions. Sur un budget de 1,3 milliards! Les éditeurs s’arrachent les cheveux: ils savent trop bien que couper dans la transmission pratique de leurs gazettes, c’est le début du désastre. Le net ne peut pas prendre totalement le relais du papier. Pour un temps encore.

On a déjà dit ici tous les méfaits de cette innovation. Elle n’apporte strictement rien aux auditeurs. Elle provoque des surcoûts pour les propriétaires de vieilles voitures qui en restent à la FM et se reportent ainsi sur les radios privées ou étrangères. Elle éloigne les personnes modestes qui n’ont pas envie de dépenser pour rester fidèles à des programmes dont elles découvrent qu’elles peuvent très bien se passer. 

Inquiétant état d’esprit chez les patrons de cette grande maison, obligatoirement payée par chacun. Ils se disent simplement qu’avec le temps, tout s’arrangera. Ils se moquent de nous. Tout en se préparant à nous demander à grands trémolos de refuser l’initiative qui réduirait la redevance annuelle à 200 francs. Dans le confort de leur emploi, ils perdent tout sens des réalités.

Inquiétant, enfin, le fait qu’un pan de la population délaisse un espace d’information et de réflexion précieux. Certes critiquable à maints égards. Mais riche d’émissions qui non seulement informent – il est vrai que les nouvelles se trouvent ailleurs et gratuitement – mais surtout amorcent aussi des débats citoyens. Il y en a plusieurs – plus qu’à la télévision! – qui assument honorablement cette tâche indispensable à la démocratie. 

VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

6 Commentaires

@Cocolon 11.04.2025 | 11h26

«Je n’écoute plus la radio romande et seulement les autres disponibles avec FM.
Décision inacceptable de la direction »


@Giro 11.04.2025 | 14h27

«J'ai bien la possibilité de passer au mode DAB en une touche sur mon tableau de bord audio de ma voiture, je ne le fais pas, en rétorsion à cette décision unilatérale prise par la RTS pourtant payée par nos deniers. Je m'accroche à cette idée (peut-être déjà illusoire) que c'est le peuple et les auditeurs qui décident. Mais combien sommes-nous à penser ainsi? »


@DBT 11.04.2025 | 18h31

«Que dire des coupures fréquentes lorsque nous écoutons la RTS dans la voiture ?
Cela va-t-il s'améliorer ou faudra-t-il que je change ma voiture pour pouvoir écouter notre radio publique en DAB sans interruptions ?»


@Libredepenser61 12.04.2025 | 17h19

«200 francs ça suffit ! Hâte que nous puissions enfin votre sur cette initiative! »


@MV 13.04.2025 | 09h43

«Les mêmes grincheux n'auraient-ils pas critiqué l'abandon de la traction à vapeur au profit de la traction électrique dans les chemins de fer ?»


@von 14.04.2025 | 00h30

«Vous allez rire: on nous refait le coup de la TNT. But final de l'exercice: nous espionner afin de pouvoir nous envoyer de la pub ciblée. Mais revenons un peu en arrière!

Au début, la TV était analogique (La Dôle, canal 4), chaque chaîne était transmise sur une fréquence différente. Mais c'était de l'émission à sens unique, du studio TV vers le téléspectateur, sans canal de retour. En principe, impossible de savoir quelle était la chaîne regardée.

Sauf que les téléviseurs à tubes de l'époque avaient un défaut: ils devaient avoir un oscillateur local pour se régler sur une station, et cet oscillateur avait des fuites. On pouvait capter sa porteuse jusqu'à quelques dizaines de mètres de distance. C'est comme cela que les premiers publicitaires purent faire des statistiques du taux d'écoute. Si on captait cette fréquence, on savait sur quelle chaîne était réglée le téléviseur, et en connaissant les heures de la programmation, on savait quelle émission il regardait. C'est ce qu'on voulait pour connaître ses goûts et donc pour lui envoyer de la pub papier. Cela cessa avec l'arrivée des TV à transistors, leurs oscillateurs ne fuyant plus.

Puis il eut la TV satellite analogique, puis numérique, puis l'analogique terrestre fut remplacé par du numérique, la TNT, la TV Numérique Terrestre. Toujours impossible de faire des statistiques, et pire, n'importe-qui pouvait recevoir de la TV sans rien payer, quelle horreur! La redevance était obligatoire pour les propriétaires de TV et de radio, mais encore fallait-il savoir qu'ils en avaient. Ca ne va plus mes bons, il faut faire cracher le bon peuple au bassinet!

Alors on s'arrangea pour dégrader la qualité des signaux TNT. D'abord la Suisse ne passa pas à la haute définition, contrairement à toutes les autres TNT du monde. On recevait des chaînes françaises en qualité HD, superbes images, alors que les suisses étaient toujours en SD, qualité antédiluvienne médiocre. Puis on dégrada les conditions de réception en abaissant la puissance des émetteurs. En parallèle, Swisscom équipa certaines zones urbaines de fibre optique et avec elle, la qualité de réception devint superbe. Les téléspectateurs ayant les moyens passèrent progressivement à la fibre, délaissant la TNT et ses antennes râteau. C'est ce qu'on voulait et ce fut facile de dire qu'on allait stopper la diffusion de la TNT, arguant qu'il ne restait plus qu'un reliquat de 3% d'utilisateurs.

En parallèle, la SSR s'était associée à Swisscom et Ringier pour créer une régie publicitaire, Admeira, dont le but était d'envoyer de la pub ciblée à ses abonnés. Car, avec la fibre, on sait tout des habitudes du téléspectateur puisque sa télécommande envoie ses ordre directement au serveur du fournisseur (Swisscom par exemple). Il suffit donc de remplir une base de données avec tous les clics de la télécommande et on sait exactement quelle chaîne et quelle émission regarde pépé, s'il a mis sur pause pour aller faire son petit pipi, s'il regarde du porno tard le soir, etc. On sait tout et donc on peut cibler. Et accessoirement vendre ces infos au plus offrant... Mais le bon peuple s'en ému et, en 2017, força la SSR à se retirer de la régie.

Ce qui fut effectivement fait, mais, bizarrement, depuis ce jour, chaque abonné reçoit de la pub ciblée avec les programmes de la SSR qu'il regarde. Faites l'essai: normalement, si vous regardez une chaîne française, vous recevez de la pub faite pour la France. Plus maintenant, car la pub passe par le serveur du fournisseur d'accès, qui la cible pour le pays et la région où vous habitez. c'est facile, il a votre nom et votre adresse. On y était arrivé. On avait forcé tous les téléspectateurs à payer un abonnement pour recevoir la TV (avant c'était gratuit), on pouvait l'espionner sans vergogne et se faire encore de l'argent de poche en vendant les infos ainsi récoltées. C.Q.F.D.

Le coup de maître fut d'obliger toute la population à payer une redevance, même ceux qui ne possédaient pas de téléviseur. La boucle était bouclée, le bon peuple était prisonnier. On pouvait tout savoir de ses habitudes et l'abreuver de publicité jusqu'à plus soif...

C'est ce qu'on tente de faire actuellement en supprimant la radio FM. Personne ne s'en doute car le DAB+ n'a pas de canal de retour, on ne peut donc pas savoir quelle chaîne écoute l'auditeur. Sauf s'il reçoit par l'intermédiaire d'un smartphone, ce qu'on est bien obligé de faire si on ne veut pas dépenser 1200 Fr pour changer son auto-radio. D'où le grand sourire des prédateurs: le smartphone travaille comme s'il était relié à la fibre optique, il a donc un canal de retour, que les fournisseurs d'accès peuvent espionner à leur guise!... C.Q.F.D !

Orwell est de retour mes bons! Ceux qui le désirent peuvent tout savoir de nous en terme de TV, de radio et d'Internet, la boucle est bouclée! Juste un détail: lorsqu'il faudra voter pour l'abaissement de la redevance, vous voterez ce que vous voudrez, mais moi je me battrai pour la conserver cette redevance, mais seulement à condition qu'elle n'aille qu'à des chaînes qui ne diffusent pas de publicité. Celles qui le font gagnent assez de pognon comme ça et moi je ne la supporte plus, la publicité, j'ai le sentiment qu'on me vole du temps de vie. Ce sera donc ou l'un ou l'autre. Na !»