Science / La sexualité masculine se cantonne-t-elle au pénis?
Dans sa dernière parution, le magazine «Sexualités humaines» présente comment les hommes abordent et vivent une sexualité hétéronormée. Il est question de consentement, de désir et d’amour, mais aussi de zones érogènes, et l’on se rend compte que beaucoup d’hommes ont tendance à n’en considérer qu’une, je vous laisse deviner laquelle.
Pour le sexologue Philippe Brenot, mentionné dans le dossier La sexualité masculine autrement du magazine Sexualités humaines, «il n’y a pas d’instinct sexuel, la sexualité s’apprend par le jeu des essais et des erreurs, par des expériences successives de notre histoire intime». On peut ajouter que la sexualité – masculine comme féminine – est en très grande partie modelée par la culture dans laquelle nous évoluons. Elle est tout à fait influencée et, dans la grande majorité des cas, normée. A partir de là, chacun et chacune fait comme il et elle peut.
Oser ne pas consentir lorsqu’on est un homme
Dans le chapitre Consentement(s) masculin(s) singulier(s), le magazine livre une «étude de la notion de consentement au prisme de la masculinité cisgenre hétérosexuel». Une étude qui se base sur des entretiens menés auprès de dix hommes âgés de 20 à 58 ans. Ça vaut ce que ça vaut comme échantillon mais, si on est un homme cisgenre, on se retrouve en terrain connu. «On note une opérationnalisation importante de la fonction sexuelle chez nos répondants, dans un mouvement d’adhésion massif et global au script selon lequel l’homme devrait être sexuellement "toujours prêt", au niveau de son désir/son excitation sexuelle comme au niveau de sa réponse physiologique sur le plan génital, dans une forme d’auto-injonction à la disponibilité sexuelle.» Comme un scout, l’homme croit qu’il doit être toujours prêt, comme un bon soldat, toujours au garde à vous. Pour ce qui concerne le consentement, les hommes ont ainsi tendance à penser qu’il s’agit d’une problématique essentiellement féminine. Pourtant, se demander à soi-même de quoi l’on a vraiment envie, oser le demander à sa ou à son partenaire, et, surtout, oser ne pas consentir à quelque chose que l’on ne veut pas est une démarche passionnante et libératrice.
Une zone érogène de 13,2 centimètres de long
Le chapitre Zone érogène chez l’homme hétérosexuel se base sur les expériences professionnelles de cinq sexologues. Là aussi, c’est restreint mais il faut bien reconnaître que la sexualité des hommes hétérosexuels n’est généralement pas d’une grande variété. Notamment en ce qui concerne les zones érogènes – discutez-en avec vos amis hommes si vous ne me croyez pas.
«Tous les sexologues s’accordent sur le fait que le pénis, stimulé depuis l’enfance par la masturbation, soit le centre d’un plaisir sexuel masculin facile, monolithique, et suffisant.» Ça crée notamment une obsession et une obligation de bander qui peuvent se révéler dramatiques psychologiquement en cas de défaillance et qui enrichissent notablement les fabricants de Viagra et autres vasodilatateurs. Trois des sexologues interrogés «différencient simplement les zones génitales du reste du corps et ont prévenu dès le début de l’entretien ne pas connaître grand-chose des zones érogènes extra-génitales». Sans doute la sexualité est-elle un sujet trop important pour être confiée aux… sexologues. Mais quatre d’entre eux «s’accordent sur le fait que les zones érogènes extra-génitales peuvent être découvertes par tous et à tout âge, à condition d’avoir conscience de leur existence…»
En moyenne, la longueur d’un pénis en érection est de 13,2 centimètres – c’est calculé sur les mesures de 15 500 hommes, inutile de mesurer le vôtre, c’est une moyenne. Ne prendre du plaisir et ne ressentir de l’excitation que par ici est donc très réducteur, très limitant surtout.
Explorateurs et aventuriers
Alors, quelles pourraient être les autres zones érogènes des hommes? A chacun de trouver les siennes et de les expérimenter, la sexualité est avant tout affaire de pratique. Mécaniquement, disons que toute partie du corps où la peau est fine, où il y a beaucoup de terminaisons nerveuses et de circulation sanguine est potentiellement érogène. Ça offre de multiples possibilités. Pour y goûter, il faut souvent que les hommes admettent que de nombreuses zones érogènes sont communes aux hommes et aux femmes, et que de ressentir du plaisir en passant par-là ne fait pas du mâle émoustillé un mâle amoindri.
On le voit, la sexualité masculine ne se résume pas au pénis bandé et pénétrant. S’ils le souhaitent, les hommes peuvent se faire explorateurs, aventuriers, inventeurs, créateurs… Ils peuvent en vivre plusieurs, de sexualités, créer les leurs. La vie est trop courte pour que l’on résume notre sexualité à 13,2 centimètres de chair et de corps caverneux et spongieux.
VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
1 Commentaire
@Bob28 24.01.2025 | 13h49
«Branler nos centimètres en érection s'apparente à frotter la mèche d'un bâton de dynamite : au moment où il explose, l'irradiation est si extrême que nul petit chatouillis sur quelques plages frissonnantes, fussent-elles féminines, ne saurait y prétendre.
Essayez, cher Monsieur Morier-Genoud, vos centimètres reprendront alors la place qu'un obélisque occupe sur la cour froide d'un lieu quelconque !
JJ L'Epée
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