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Livre

Livre / L’humanité sans chair

Simon Murat

5 septembre 2025

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«La vieillesse de l’axolotl», Jacek Dukaj, Editions Rivages, 336 pages.



C’est de la science-fiction — du moins pour l’instant. Dans La Vieillesse de l’axolotl, Jacek Dukaj imagine une humanité débarrassée de l’organique, de la chair, des sensations, bref de toute incarnation. Après une catastrophe ayant anéanti la vie biologique, seules subsistent des consciences transférées dans des «corps» mécaniques. Les hommes deviennent des entités numériques prisonnières de machines industrielles, de carcasses de combat ou de robots grotesques. Ces survivants ne respirent plus, ne dorment plus, ne goûtent plus: leur quotidien se réduit à la simulation de ce qui fut jadis sensible. Cette existence minérale et froide souligne la perte irrévocable du corps, de la chaleur, du toucher. Dukaj dépeint un monde post-humain où la nostalgie du vent sur la peau ou d’un baiser partagé devient insupportable. Les nouveaux hommes inventent des clans, des rites, des religions artificielles pour combler ce vide. Une humanité sans organique est-elle possible? Sommes-nous chair ou seulement esprit? Une bonne question à l’heure où les transhumanistes nous promettent des corps-machines.

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