Livre / S'illusionner sur le rêve américain
«Confessions d’un loser et autres romans», Mark Safranko, Editions La Croisée, 736 pages.
Mark Safranko est né dans le New Jersey en 1950. Il est écrivain mais aussi chanteur, compositeur, acteur. On dit qu’il est plus lu en France qu’aux USA. Il a écrit des romans, des nouvelles, des pièces de théâtre. Confessions d’un loser réunit les quatre premiers récits – sur cinq – de la vie de Max Zajack, le double littéraire de l’auteur. Cela fait bien sûr penser au Arturo Bandini de John Fante, mais ça se passe une trentaine d’années plus tard et Zajack est d’origine polonaise tandis que les ancêtres de Bandini étaient italiens. Comme Bandini, Zajack grandit dans une famille ouvrière et son destin semble tout tracé. Sauf que comme leurs créateurs, les deux personnages veulent devenir écrivains, ont une scolarité chaotique, enchaînent les petits boulots déclassés. Avec Zajack, ce sont les Etats-Unis des années 1960, 1970 et 1980 dont il est question. A part devenir écrivain, il a une obsession: coucher avec des femmes. On s’en doute, rien ne se passe comme il le souhaite. C’est l’envers du rêve américain. Si Safranko propose une critique du capitalisme, de la réussite professionnelle, de la consommation, il le fait sans perspective politique, même pas anarchiste. Zajack ne veut ni s’intégrer ni devenir riche mais il ne se clochardise jamais totalement, se confrontant ainsi sans cesse à ce qu’il est nécessaire de faire pour payer son loyer, ses cigarettes, son alcool et sa nourriture. Et comme il n’envisage pas de devenir hors-la-loi… Le dernier roman du volume, Confessions d'un loser, met en scène la pauvreté de la vie sexuelle de Zajack qui use de ses partenaires comme s'il s'agissait de kleenex, s'agitant en elles pour éjaculer. Il y a quelque chose de désespérant chez lui. Quelque chose qui date effectivement des années dans lesquelles se situent ses aventures: cette idée que la vie lui doit une réussite en laquelle lui-même ne semble pas croire. Il geint beaucoup. Peut-être parce que, malgré tout, il continue de s'illusionner sur le rêve américain…
PS: il y a un grand nombre de coquilles dans le livre, et je ne parle pas de fruits de mer…
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