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Actuel / Trump chasse son naturel

Yves Genier

14 mars 2018

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Alors qu'il se présente en homme d'affaires, le président américain a empêché l'acquisition géante par le chinois Broadcom de l'américain Qualcomm. Au nom de la sécurité nationale. Les Chinois auraient pu s'emparer des secrets de la 5G alors que les Américains ne veulent pas perdre leur avance sur une technologie qui gouvernera le monde de demain.



Donald Trump ne cesse d'envoyer des signaux contradictoires, exprimant le pire comme le meilleur au cours d'une même journée. La semaine dernière, il tendait la main à Kim Jong-un alors même qu'il déclarait la guerre des tarifs commerciaux à ses principaux partenaires... et alliés, principalement européens et nord-américains. Et cette semaine, il se pose en sauveur des intérêts des Etats-Unis – et indirectement de l'Occident – en matière de maîtrise des technologies de la communication, alors même qu'il accentue la pression sur ses proches partenaires commerciaux.

Mais les affaires ne dictent pas tout, même chez cet ex-promoteur immobilier! Au nom de la sécurité nationale, il a empêché mardi la conclusion de l'une des plus importantes acquisitions du moment, celle de Broadcom, basé à Singapour, sur l'américain Qualcomm. Au nom de la sécurité nationale. Les deux géants sont des acteurs majeurs des télécommunications, les deux leaders mondiaux de la 5G, l'avenir de la télécommunication mobile et leur réunion en aurait fait un mastodonte mondial qui aurait dû rapporter beaucoup d'argent à ses heureux propriétaires.

André Kudelski: «C'est l'avenir de la 5G qui se joue!» 

Broadcom, né aux Etats-Unis avant d'être racheté par des intérêts chinois, est basé depuis 2015 à Singapour. Elle est dominée par le géant chinois des télécoms Huawei, par ailleurs un partenaire de Swisscom pour développer l'accès à internet sans fil dans les villes suisses. De son côté, Qualcomm est la société la plus à la pointe dans le développement de la technologie 5G après avoir pris la maîtrise des 3G et 4G ces dernières années. Les Européens, depuis l'effondrement de Nokia il y a plus de dix ans, sont pratiquement hors du coup.

Il est un industriel suisse qui se réjouit du coup d'arrêt décrété par Donald Trump: c'est André Kudelski, dont la société familiale basée à Cheseaux et à Phoenix est active dans le domaine voisin de la sécurisation des données. «C'est l'avenir de la technologie 5G qui se joue aujourd’hui. Qualcomm est le leader mondial sur ce marché. Si le Singapourien Broadcom prend le contrôle de Qualcomm, les Etats-Unis risquent de perdre leur leadership sur cette technologie, sachant que le chinois Huawei est l’autre grand acteur du secteur», a-t-il déclaré hier à Bon pour la tête.

En particulier, le gouvernement américain compte beaucoup sur les appareils développés par Qualcomm pour ses propres besoins. Il se sentirait très embarrassé, pour ne pas dire plus, de savoir qu'il pourrait dépendre d'une société chinoise pour ses communications les plus secrètes... «Avec ce blocage, c'est un certain équilibre qui perdure», complète André Kudelski.

Tout un monde déçu...

Mieux encore, l'américain Qualcomm a la réputation d'investir sur le long terme, n'ayant pas peur de s'engager pendant plusieurs années sur des projets dont la rentabilité est tout sauf certaine, alors que son prédateur Broadcom passe, au contraire, pour rechercher le profit rapide, et tant pis pour les efforts de longue durée.

Le président américain a donc non seulement protégé celui qui croit au long terme contre le requin de la bourse. Mais il a aussi mis fin aux plans de tout un petit monde que l'opération aurait mis en joie: les dirigeants des sociétés concernées bien sûr, mais aussi les banquiers d'affaires, les avocats et les agents fiduciaires de haut vol qui se rémunèrent grassement à la commission pour en assurer le succès. Pour le signataire de The Art of the Deal, un guide sur la manière de conclure des affaires paru il y a plusieurs années, voilà une décision bien tranchante.

VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

1 Commentaire

@Lagom 15.03.2018 | 11h31

«Qu'on aime ou qu'on n'aime pas la politique du Président Trump, peu importe, mais il faut se rendre à l'évidence que sa décision pour empêcher cette fusion est très bonne. D'ailleurs, le transfert stupide de la technologie de l'Occident vers d'autres pays-vautours comme la Chine contribue grandement au déclin de l'Europe et de l'Amérique. Les citoyens occidentaux et leurs ancêtres ont investi et continuent à investir massivement dans les Universités et dans la recherche. Aujourd'hui le fruit de leurs efforts est offert, contre presque rien, par de "Managers" faibles d'esprit à des pays tiers sans aucun contrôle politique. La naïveté des dirigeants actuels du vieux monde est incompréhensible, elle relève du complot. A titre d'exemple; le patron de la recherche en physique quantique en Chine a fait ses études en Belgique. La chine a désormais des longueurs d'avance dans ce domaine sur le reste du monde. »


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