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Chronique

Chronique / Blablabla, etc.

Michael Wyler

23 novembre 2017

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Je ne vais pas refaire ici le procès des pharmas (que l'on a d'ailleurs jamais fait…), ni des (trop nombreux) parlementaires qui leur sont inféodés. N'empêche, dans la famille «foutage de gueule», cette industrie mérite au moins autant d'Oscars que Harvey Weinstein et se comporte fréquemment de la même façon, nous entubant à répétition et sans notre consentement.

Je pourrais bien sûr tartiner à l'infini, expliquer que les prix des médicaments en vente libre et non remboursés par les caisses maladie sont, niveau prix, hors contrôle de l'Etat. Que par contre les médicaments prescrits par les médecins et remboursés par l’assurance-maladie voient leur prix contrôlé par l’Etat. Ils représentent, en Suisse, 10% des coûts de la santé, soit autour des 8,5 milliards de francs par an.

Mais bon, il faudrait aussi dire que l'Etat, qui fixe ces prix, est en état quasi permanent de coït librement consenti avec les pharmas, donc, passons directement à deux exemples «ras-le-bol».

Nous sommes des centaines de milliers à avaler quotidiennement une aspirine dite cardio (81 ou 100mg), avec enrobage gastro-résistant. Vendues sur ordonnance (il faut donc payer une visite médicale), elles coûtent 15,70 francs les 98 pièces. La boîte de 500, que je viens d'acheter à l'étranger – en vente libre – m'a coûté 6 francs. Donc, le prix est 13 fois plus élevé en Suisse, sans compter le coût de la visite médicale. Paradoxe: les aspirines plus fortes (200 ou 500 mg) sont en vente libre en Suisse…

Statines: 800'000 Suisses consomment quotidiennement des statines pour faire baisser leur taux de cholestérol. Chiffre d'affaire annuel: 280 millions de francs. Chez Pfizer, le produit «Sortis» est vendu au même prix (115,15 francs les 100 pilules) quel que soit le dosage: 10, 20, 40 ou 80 mg. Donc… celles et ceux qui doivent prendre du 20mg, peuvent parfaitement demander à leur médecin une ordonnance pour du 40 mg et casser chaque pilule en deux. Economie: 50%.

Des exemples de «ras-le-bol», j'en ai encore pas mal en réserve et je pense en distiller quelques-uns, en gros, toutes les quinzaines. J'aimerais toutefois que cette chronique soit interactive et donc, si vous, lecteurs, en avez aussi «ras-le-bol» de certains abus, écrivez-moi: miwyler@bluewin.ch

Je finis avec une petite intrigue: quel est le véritable pouvoir d'achat de un franc? Je m'explique. Admettons que sur 1000 francs que je gagne, je paie 350 francs d'impôts fédéraux, cantonaux et communaux. Il me reste 650 francs. Puis, sur la facture de 300 francs de mon dentiste, ce dernier paie 50 francs d'impôts (il a des salaires à payer et du matériel à amortir). Puis, je m'offre un massage à 100 francs. Sur ce montant, la masseuse – indépendante – paie 30 francs d'impôts. Puis je fais le plein d'essence: 50 litres, soit 80 francs, dont 40 francs de taxes. Avec les 170 francs qui me restent, je vais au restaurant, qui, sur cette somme, paie des salaires (eux-aussi soumis à l'impôt) et un impôt sur le bénéfice... En clair, mon revenu de 1000 francs a été taxé à plus de 60 % après impôts, directs, indirects, très indirects et taxes diverses. Correct?


Précédemment dans Bon pour la tête

Rhume: le business de l’eau salée

Novartis et la santé publique, en manque d’argument

Le flop du médicament à un million



VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

1 Commentaire

@stef 03.12.2017 | 15h26

«Merci M. Wyler pour ces "ras-le-bol" éloquents !
Un vrai plaisir »


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