A vif / Et si on parlait du code de conduite de Nestlé?
Une «relation amoureuse non déclarée avec une subordonnée» vient de coûter son poste au directeur de Nestlé. La multinationale argue de son code de conduite professionnelle. La «faute» semble pourtant bien insignifiante par rapport aux controverses qui ont écorné l’image de marque de la société au fil des ans.
Le directeur général de Nestlé, Laurent Freixe, a été licencié car il entretenait une «relation amoureuse non déclarée avec une subordonnée». Ce pourrait être un prétexte: durant son année de présidence – il est entré en fonction en septembre 2024 –, les résultats économiques de Nestlé n’ont pas été à la hauteur des attentes de la multinationale: le cours de l’action a nettement chuté. Le prédécesseur de Laurent Freixe, Ulf Mark Schneider, avait déjà été licencié parce que la croissance de Nestlé était jugée anémique.
Officiellement, la relation amoureuse «non déclarée» de Freixe a contrevenu au Code of Business Conduct de Nestlé, son code de conduite professionnelle qui concerne notamment l’intégrité, l’honnêteté et l’équité dont doivent faire preuve les employés. Voilà une occasion de reparler des controverses qui, au fil des ans, ont écorné l’image de marque et la conduite de Nestlé.
Lait en poudre et travail des enfants
Dans les années 1970, Nestlé a été fortement critiquée pour avoir promu des laits infantiles au détriment de l’allaitement maternel dans plusieurs pays en développement, ce qui a été associé à une augmentation de la mortalité infantile. Cette polémique a déclenché un boycott mondial lancé en 1977. (Source)
Des cas de travail forcé d’enfants et de conditions abusives ont été signalés dans les plantations de cacao d’Afrique de l’Ouest où se fournissait Nestlé. Des situations d’exploitation ont également été dénoncées sur des plantations d’huile de palme en Indonésie. (Source)
Produits contaminés
En mars 2022, un rappel massif a été lancé pour des pizzas surgelées Buitoni Fraîch’Up contaminées par Escherichia coli, une bactérie intestinale, entraînant le décès de deux enfants en France. L’usine incriminée a été fermée pour des négligences sanitaires graves. (Source) En Inde, en 2015, les nouilles Maggi ont été interdites dans plusieurs États à cause de traces excessives de plomb et d’un taux élevé de MSG (glutamate monosodique, un additif alimentaire utilisé comme exhausteur de goût) (Source).
Problème avec l’eau
Nestlé a été accusée d’exploiter excessivement certaines ressources en eau pour ses marques d’eau embouteillée, provoquant des tensions locales, notamment en Californie et au Michigan aux Etats-Unis. (Source) En France, une enquête sénatoriale a récemment mis en lumière l’usage de traitements interdits sur des eaux vendues comme «minérales naturelles», ainsi que des accords douteux entre Nestlé et des autorités gouvernementales. La firme a écopé d’une amende de 2 millions d’euros. (Source)
Produits périmés, espionnage…
En Colombie, dans les années 2000, Nestlé a été épinglée pour réétiquetage de produits laitiers périmés, mettant en danger la santé publique (Source). Entre 2003 et 2008, Nestlé a mandaté une société de surveillance pour espionner l’association Attac (Association pour la taxation des transactions financières et pour l’action citoyenne), ce qui lui a valu des condamnations civiles et un fort impact sur son image (Source). En 2009, Nestlé fut également condamnée pour avoir utilisé une chanson de Muse sans accord dans des publicités et dut verser des dommages à des associations (Source).
Jusqu’en 2019, Nestlé s’est opposée à l’étiquetage Nutri-score, un système d’information nutritionnelle, notamment dans plusieurs pays latino-américains — suscitant des critiques sur son influence sur la santé publique (Source).
Au milieu de tout ça, on peut en convenir, une relation amoureuse «non communiquée» paraît bien insignifiante. Non?
VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
1 Commentaire
@abarto 05.09.2025 | 08h10
«Si Monsieur Freixe avait "œuvré" pour le Comité International de la Croix-Rouge ( CICR), il aurait pu faire preuve d'incompétence, de non-respect du Code de Conduite, d'avoir toutes les relations qui lui chantaient, etc ... et de tout de même partir avec une prime de 300'000 CHF.
Prime de 300'000 CHF bien entendu payée par les Donateurs du CICR ( DSG = Donators Support Group composé de 23 pays et de la Banque Mondiale) et somme d'argent plus conséquente qui finalement n'aura pas servi aux bénéficiaires, vous savez, ceux qui souffrent de la faim à travers la planète ( ah oui: bénéficiaires qui dans le langage CICR , où désormais plus beaucoup d'helvètes n'y travaillent, s'est transformé en clients....).
Quand vous lisez sur un " encart publicitaire": << donner 2 CHF au CICR permettra à Fatoumata de donner du lait à son fils ( un petit bébé sur la photo) pendant x temps >> .
Même si cette publicité est ignoble, divisé les 300'000 CHF par 2 , et vous trouverez le nombres de clients ne pouvant plus être satisfaits....
Les Codes de Conduite de l'humanitaire sont une farce et ne permettent qu'aux Institutions humanitaires de rassurer les donateurs ( scandales OXFAM). Or, quid de l'éthique, de la morale, de l'honnêteté des dirigeants du CICR ??
Marrant de constater que l'on fait du foin sur le cas de Monsieur Freixe, ( et même si ce qui lui arrive est regrettable) et non pas sur celui de Monsieur Mardini ....
Car NESTLE est un groupe privé qui gagne son propre argent. Alors que le CICR vit de donations des peuples, suisse notamment !
Personnellement, je n'achète jamais de produit NESTLE. Et depuis le scandale CICR , je ne donne plus d'argent à l'humanitaire.
Il serait grand temps que Bon pour la tête fasse un article de fonds sur le CICR ( réputé par les cabinets d'avocats de Genève comme le plus mauvais employeur de la place) et avec une efficience sur le terrain pour le moins limitée.»