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La troisième Conférence des Nations Unies sur l’Océan (Unoc), à Nice, est porteuse de promesses. Celles-ci seront-elles tenues? On peut raisonnablement en douter. Peut-être parce que le problème est pris par le mauvais bout.



«Ce sera le cadeau que nous déposerons au pied de l’océan», a benoîtement déclaré Olivier Poivre d’Arvor, l’«ambassadeur pour les océans» du président français Emmanuel Macron après s’être donné pour objectif d’obtenir pour le 15 décembre 2025 les ratifications manquantes à l’entrée en vigueur du traité sur la protection de la biodiversité en haute mer. La troisième Conférence des Nations Unies sur l’Océan (Unoc), qui se tient à Nice jusqu’à aujourd’hui, 13 juin, va faire miroiter beaucoup de promesses, y croire va rassurer pas mal de gens. C’est un spectacle.

La déclaration d’Olivier Poivre d’Arvor n’est pas un des détails de ce spectacle, elle indique clairement un état d’esprit général. Il faut sauver les océans, être gentil avec eux, leur faire ce cadeau, le déposer à leur pied – je vous laisse juger de la pertinence de l’image. Le problème, c’est qu’il s’agit d’un raisonnement inversé. Dans les faits, ce sont les océans qui peuvent nous sauver, ou pas. Ils étaient là bien avant nous et il y a de fortes chances pour qu’ils le soient encore bien après. Nous avons besoin d’eux pour vivre tandis qu’eux peuvent se passer de nous.

Moins de poissons, plus de déchets

«Au cours du dernier siècle, la masse totale des poissons prédateurs (les espèces les plus consommées par les humains, «sentinelles» de la santé des mers) a diminué de deux tiers. En raison de l’envolée de nos émissions de gaz à effet de serre, les vagues de chaleur marines ont doublé depuis 1982, et l’océan est plus acide aujourd’hui qu’il ne l’a jamais été depuis plus de 20 millions d’années. Quelque 24 400 milliards de particules de microplastique flottent à sa surface, conséquence des 4,8 à 12,7 millions de tonnes de déchets dérivés du pétrole qui y échouent chaque année», signale Reporterre.

Et à propos de plastique, il peut être intéressant de savoir que «la quantité de microplastiques retrouvés dans nos cerveaux aurait augmenté de 50 % entre 2016 et 2024», comme nous l’apprend le National Geographic. Je passerai sur les conséquences pour la santé de la présence de plastique dans nos organismes et me contenterai de m’interroger sur ce que cela peut symboliser. Sommes-nous en train de devenir nous-mêmes des dérivés du pétrole? Nos pensées sont-elles d’ores et déjà emballées sous vide?

La biodiversité, c’est le vivant. Vouloir le préserver, ce vivant, c’est une bonne idée, mais avant tout parce qu’il en va de notre survie. Les décisions à prendre aujourd’hui sont fondamentales: voulons-nous toujours faire partie du vivant, voulons-nous le rester? 

A la Conférence des Nations Unies sur l’Océan, le président français Emmanuel Macron – qui comme nous tous a du plastique dans le cerveau – a rappelé que «le nom de Nice vient de niké». En grec, le terme fait référence à la divinité de la victoire; en argot, c’est autre chose.

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