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Les Suisses, plantés au milieu du Vieux-Continent, ont tant de liens avec leurs proches voisins allemands, linguistiques, affectifs aussi. Cela fait donc mal de voir ce pays profondément divisé entre l’est et l’ouest. Sans les murs ni les Vopos de la défunte DDR, mais toujours aussi scindé en deux.



Du côté ouest, celui qui pèse et décide, la droite classique a dominé les élections de dimanche. De l’autre, à l’est, c’est l’AfD, dite «populiste», qui s’est trouvée en tête de presque toutes les conscriptions. Avec aussi une forte poussée de l’extrême-gauche (Die Linke) et du parti créé il y a un an seulement par Sahra Wagenknecht (BSW). Un rejet massif des formations traditionnelles, la CDU et le SPD.

On parle souvent de ce pan est de l’Allemagne avec condescendance et ignorance. Dans le souvenir de son passé communiste (1946-1989), dans le constat de son retard économique en partie comblé mais subsistant. Alors que ses cinq régions, Brandebourg, Mecklembourg, Saxe, Saxe-Anhalt et Thuringe, sans parler de Berlin, sont des piliers de l’identité et de la culture allemande.

Weimar, Dresde, Erfurt, Leipzig… ces villes qui ont marqué l'histoire

Dans sa splendeur, la ville de Weimar, par chance relativement épargnée par les bombardements de la seconde guerre mondiale, rappelle, à chaque pas, le souvenir de Bach, Liszt, Goethe, Schiller qui y vécurent. Se promener à Dresde, c’est plonger dans les chapitres glorieux et terribles de l’histoire. La «Florence de l’Elbe», comme on la surnomme, a été rasée inutilement par les Britanniques à la toute fin de la guerre (30 000 morts), puis reconstruite dans le style d’auparavant, néo-classique et baroque. Déambuler dans le quartier médiéval de Erfurt, c’est se rapprocher de Luther qui y fit ses études ou découvrir les restes d’une synagogue du 13e siècle. Et l’on ne manquera pas la plus grande de ces cités, Leipzig, centre commercial et culturel depuis huit siècles, aujourd’hui moderne, dynamique au point d’attirer nombre de nouveaux entrepreneurs la préférant à l’Allemagne de l’ouest.

Sentiment d’abandon et de nostalgie

Mais l’ex-DDR souffre. Le chômage y est plus élevé, le revenu par habitant inférieur, les salaires plus faibles. La population stagne, vieillissante, épuisée par le départ des jeunes vers l’ouest du pays. 12,5 millions d’habitants, alors qu’elle en avait encore 16 à la chute du mur. Et surtout il y règne, à tort ou à raison, le sentiment d’être délaissé, peu ou pas pris en compte à la tête de l’Allemagne. Ici et là s’exprime discrètement une certaine nostalgie du passé communiste, quand la DDR était plutôt prospère et performante à bien des égards, quand le logement, la santé et l’éducation y étaient assurés. Tant que l’on ne critiquait pas le parti. Pour qui vit là aujourd’hui dans la morosité, un Scholz, le Hambourgeois, un Merz, le Berlinois multimillionnaire grâce à BlackRock, c’est la poursuite de l’arrogance, celle d’un Etat qui en a avalé un autre.

Des résultats d’élections révélateurs

Ces malaises ont donc porté l’AfD en tête. Avec ses hauts cris contre les immigrés alors que cette partie du pays en a moins (10 à 15 % de la population) que les autres Länder. A noter que le tout jeune parti de Sahra Wagenknecht, passée par les écoles de la DDR, le BSW, a fait des percées en Thuringe et en Saxe. Avec un trait propre, en sus de son discours social appuyé, le refus du soutien à la guerre en Ukraine, l’appel à la négociation. 

Au plan national, grosse déception pour cette politicienne hors-norme. Son parti a frôlé les 5% nécessaires pour siéger au Bundestag. A 13 400 voix près, sur 50,3 millions de votants! Un recours sera déposé en raison d’une panne: les Allemands de l’étranger (3 à 4 millions dont bon nombre en Suisse) ont eu toutes les peines à s’exprimer. Cela doit se faire par courrier avec plusieurs attestations d’un séjour antérieur en Allemagne. Dans un délai avancé: le 2 février alors que le jour J était le 23! 

La carte politique de notre voisin du nord reste donc révélatrice d’une division qui affecte un peu plus la situation d’une Allemagne affaiblie et qui promet un avenir lourd de hoquets divers. 

VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

1 Commentaire

@JNSPQM99 01.03.2025 | 13h14

«Pour avoir vécu là-bas, je sais que la réunification a été assez violente - effaçant en quelque sorte la DDR de la carte - en fermant toutes les usines qui s'y trouvaient et aussi les crèches (qui n'existaient pas à l'époque en RFA)...»


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