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Média indocile – nouvelle formule

A vif


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Le mot était lâché en mai déjà par l’ex-ambassadeur et consul général d’Israël à New York, Alon Pinkas, révulsé par les agissements de son pays à Gaza, jugeant la réponse au 7 octobre disproportionnée et mal conçue. Il mettait le terme paria au conditionnel: «si cette trajectoire politique persiste». Or celle-ci a pris des proportions inouïes.



Les attaques contre la FINUL au Liban n’étaient qu’un signe symbolique du mépris des Nations Unies. Comme la provocante décision de déclarer persona non grata le Secrétaire général de l’ONU. Mais aujourd’hui Netanyahou et les siens dépassent toutes les limites. L’adoption par le Parlement israélien, à une écrasante majorité, d’une loi interdisant l’UNRWA à Gaza, en Cisjordanie et en Israël, c’est un pas de plus dans la rupture avec le monde civilisé. A Gaza cette structure est la seule qui peut aider à la survie d’une population de deux millions de personnes, sans cesse déplacées, dans les ruines et sous les bombes. Certes il reste, pour le médical, le Croissant rouge palestinien, mais ses représentants sont harcelés, menacés, impuissants car la plupart des hôpitaux sont détruits ou endommagés. Dans le nord de la bande – longue au total comme de Lausanne à Nyon – tout est rasé. Un des rares immeubles encore debout a été détruit dans la nuit de lundi. Plus de cent morts d’un coup. Les habitants qui s’accrochent encore à ce bout de terre sont ouvertement avertis, promis à périr tous s’ils ne partent pas.

Le message est clair: que les Gazaouis crèvent, de faim, sous le feu, ou qu’ils s’en aillent au diable. Que les pays voisins les accueillent. Parce que nous, nous resterons. Au-delà de l’indignation morale, on ne peut être que stupéfait de cette politique insensée. Quelle que soit l’issue, elle sème autour d’Israël une haine durable qui, dans les années à venir, est promise à exploser des pires façons imaginables.

Et nous ne parlons pas de la Cisjordanie où la colonisation violente progresse, nous parlons du Liban où les bombardements sont quotidiens, où des pans entiers de la population sont chassés d’un lieu à l’autre. Quasiment comme à Gaza. Particulièrement dans le sud et dans la plaine de la Bekaa, où la ville de Baalbek, connue pour ses vestiges grecs, subit ces jours de violents bombardements. D’où des centaines de milliers de personnes fuient vers la Syrie.

Que faire face à un Etat qui commet de tels crimes, qui défie et humilie l’ONU, organisation critiquable à certains égards mais indispensable à la raison, au dialogue, à la recherche de paix? A s’en exclure ainsi de facto, il devient en effet un paria. Définition du mot: banni, exclu, réprouvé. Désignation lourde à porter même en gardant l’appui d’une grande puissance.

Car il faut dire que ces horreurs se produisent avec l’accord et le soutien continu des Etats-Unis. En dépit de quelques mots d’apaisement ici et là. Comme cette récente et dérisoire proposition de cessez-le-feu pour 28 jours. Quant aux Européens, leurs suiveurs, ils restent muets ou d’une retenue assourdissante. Ignazio Cassis, à la présidence du Conseil de sécurité, s’est cependant prononcé à New York. Dans le texte: «Israël a a adopté deux lois interdisant la coopération avec l’UNRWA, cherchant à limiter sa présence en Israël et dans le Territoire palestinien occupé. La Suisse est très préoccupée par les implications humanitaires, politiques et juridiques de ces décisions». Difficile de faire plus soft.

Quand donc les Occidentaux se rendront-ils compte que leurs complicités, leurs retenues ou leurs silences nous éloignent du reste du monde?

Mais attention, un mot de trop, parler de sanctions par exemple, et vous voilà taxés d’antisémites… Osons dire pourtant que ce pays qui a fait de son droit – incontesté – à se défendre une arme de conquête territoriale et d’épuration ethnique, ce pays qui dans les faits se met au ban des Nations Unies, ce pays doit être franchement condamné. Même si Netanyahou et consorts s’en contrefichent. Pour le principe. Pour ne pas avoir trop honte de notre impuissance devant une telle tragédie.

VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

5 Commentaires

@Marta Z. 01.11.2024 | 10h45

«Je ne comprends pas comment quiconque peut prétendre vouloir un cessez-le-fez ou la paix au Moyen-Orient et continuer à livrer des armes à Israël!»


@Christophe Mottiez 01.11.2024 | 11h20

«entre 2013 et 2023, les deux principaux soutiens militaires à l'israël, en terme de fourniture d'armements, étaient les états-unis (66%) et l'allemagne (30%).
ces deux pays sont des moteurs de l'occident.
or, pour chacun d'eux il est certes nécessaire, mais très difficile de remettre en question leur soutien à l'israël.
les états-unis doivent remettre en question leur propre histoire, car les colons européens devenus états-uniens considéraient aussi l'amérique du nord comme une terre promise.
ils méprisaient aussi les amérindiens.
ils les ont aussi expulsés de leurs terres et enfermés dans des réserves.
ils diabolisaient aussi les rebelles comme on diabolise le hamas actuellement (en le qualifiant d'organisation terroriste).
enfin, ils ont aussi commis des massacres démocidaires comme cela se fait aujourd'hui dans la bande de gaza.
l'allemagne, quant à elle, doit affronter l'accusation d'"antisémitisme" que les maîtres-chanteurs sionistes utilisent comme une arme redoutable contre tout opposant, y compris juif, à leur politique coloniale et judéofasciste.
pour les allemands contemporains, cette accusation est non seulement terrible, mais elle est très difficile à contrer, car la plupart d'entre nous connaissons très mal, voire pas du tout, l'histoire juive bimillénaire, les notions essentielles du judaïsme et ses divers courants religieux, l'histoire du sionisme et ses fondements idéologiques, l'histoire bimillénaire des relations entre juifs et chrétiens et les causes de la judéophobie.

les occidentaux, dans leur soutien aveugle à l'état d'israël, sont non seulement en train de perdre toute crédibilité, mais ils se mettent en danger, car plus ils attendent avant de demander des comptes aux juifs israéliens (ils détiennent tout le pouvoir même si 20% des israéliens ne sont pas juifs), plus la société israélienne se judéofascise.
quand les judéofascistes seront majoritaires, ils n'hésiteront pas à assassiner des occidentaux trop virulents à l'encontre de leur politique, ou, comme la corée du nord, à menacer leurs voisins d'une frappe nucléaire.

depuis le vote de la knesset interdisant l'unrwa, il ne fait plus aucun doute que l'israël est un état-voyou.
»


@Maryvon 02.11.2024 | 10h00

«Lorsque j'écoute les commentaires des journalistes et observateurs de nos voisins français sur ce conflit, les bras m'en tombent. Très peu d'entre eux osent une critique à l'endroit du Gouvernement israélien. Hier sur nos ondes, alors que les journalistes de Forum avaient organisé un débat sur les élections américaines, une auditrice s'est risquée à qualifier ce qui se passe à Gaza de génocide. Mal lui en a pris car l'une des intervenantes dont je tairai le nom l'a tout de suite remise à sa place en déclarant tout de go que ce que faisait Israël était justifié au vu du massacre du 7 octobre 2023 commis par le Hamas. En bref, ils ne font que se défendre. Je ne sais pas comment cette éminente spécialiste qualifierait les colonies en Cisjordanie.»


@Foenix 24.11.2024 | 10h48

«Impossible de ne pas être d'accord avec l'article autant que les commentaires ! Mais il est vraisemblable que l'arrivée de Trump n'arrangera rien. En tant qu'individu, je me sens terriblement impuissant. Des idées ?»


@stef 14.12.2024 | 18h51

«Le gouvernement israélien doit être mis au ban de l'Humanité ‼️»


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