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Culture

Culture / Le livre de sa mère

Marie Céhère

1 septembre 2023

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«Ma mère en toutes choses», Ludivine Ribeiro, Editions Arléa, 245 pages.



«On croit que les mères sont éternelles, et en fait elles le sont.» Dans ce livre, collection ou herbier de moments désormais présents par leur absence, la Genevoise Ludivine Ribeiro évoque sa mère disparue. Ou plus exactement, la fait revivre sous nos yeux, avec l’élégance du chagrin mal éteint. Il y a les listes éclectiques de ce qu’elle aimait, qui nous font mieux connaître la personnalité de cette femme, d’une douceur épatante. Les photographies de famille en noir et blanc, son sourire. Il y a les épisodes de l’enfance, les réminiscences provoquées par un coupe-œuf, une fourchette en argent, un parfum, des kakis, ou simplement le soleil et la brise. Partant de l’extrême intime, les douleurs de la mère, sa vie et sa mort, puis la vie sans elle, Ludivine Ribeiro accède à un universel. Quiconque fut frappé un jour par le deuil se reconnaîtra dans ses larmes, sa joie bizarre, sa peur de l’oubli, ses rituels, sortilèges pour vaincre l’invincible perte, ses chemins de traverse pris pour rester en vie. L’universel aussi de la relation à la mère, idole sacrée de l’enfance, complice de l’âge adulte, femme que l’on ne connaît jamais tout à fait comme telle. C’est par la littérature que l’auteure sort de son chagrin par le haut. Elle raconte avec délicatesse, détails et nostalgie l’appartement vidé, la tendresse des objets dispersés, les pudeurs, tous les lieux du monde où sa mère a été en vie, l’abandon définitif, ou peut-être pas. C’est aussi par l’immense force de la nature. Celle des fleurs qui survivent à l’être aimé. Celle des atomes qui nous constituent de toute éternité. «Elle est au ciel, dit-on aux enfants. C’est faux. Elle est le ciel.» Un hommage, un exorcisme et une consolation pour tous.

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