Culture / Lorsqu'une femme disparait au Japon
«Disparue à Tokyo: L’affaire Lucie Blackman», Hyoe Yamamoto, sur Netflix, 82 minutes.
Un énième documentaire retraçant une sordide affaire criminelle, où le diable en personne s’en prend à une blanche colombe? Le «true crime» est un genre à la mode aux Etats-Unis comme en Europe, où des millions de spectateurs et d’auditeurs de podcasts, essentiellement des femmes, jouent à se faire peur en plongeant dans de macabres épisodes. Cela aurait pu s’arrêter là. La disparue de Tokyo, la jeune Britannique Lucie Blackman, s’évapore le 1er juillet 2000, alors qu’elle travaillait dans un bar à hôtesses d’un quartier chaud de la capitale. Tout l’intérêt, ici, est dans le choc des cultures. Le Japon, pays rêvé et fantasmé en Occident, havre de politesse et de tranquillité, peut-il vraiment abriter des criminels tordus? La xénophobie des Japonais est-elle réelle ou elle aussi fantasmée? On voit, notamment grâce à l’éclairage de l’excellent journaliste spécialiste du Japon Jake Adelstein, que les deux parties, la police de Tokyo et la famille de Lucie, ont eu du mal à se comprendre. Le père, avec son physique si typiquement anglais, sa grosse voix et sa nervosité bien compréhensible, embarrasse, en alimentant le tapage médiatique. Les autorités se taisent, mais est-ce pour autant qu’elles se lavent les mains du terrible meurtre d’une gaijin, une étrangère, par un Japonais? La fin a de quoi réjouir, on parvient à une transcendance qui, bien qu’un peu appuyée, paraît sincère.
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