Culture / Pour une compréhension subtile de la Turquie
«Turquie, un pont entre deux mondes», Zeynep Ersan Berdoz, Editions Nevicata, 96 pages.
La Turquie a un statut particulier dans l’imaginaire collectif des Européens. C’est un pays à la fois fantasmé et dévalué. Fantasmé car il est pour nous la porte d’entrée de l’Asie et que l’empire ottoman contrôlait à son apogée un très grand territoire, allant de l’Europe du Sud-Est à l’Afrique du Nord, en passant par l’Asie occidentale et le Caucase. Dévalué car dans les années soixante les Turcs ont constitué, surtout en Allemagne, une main d’œuvre dévolue aux travaux les plus ingrats. Aujourd’hui, la Turquie fait tout à la fois peur, avec à sa tête Recep Tayyip Erdogan, et se révèle fort utile en contenant les réfugiés venus, notamment, de Syrie. Zeynep Ersan Berdoz est née en Turquie, à Ankara, avant que sa famille s’installe en Suisse alors qu’elle était encore enfant. Son livre est une déclaration d’amour au peuple turc, une invitation à dépasser les préconçus, à comprendre. Et cela peut passer par l’observation des tapis. «Une observation subtile des kilims révèle précisément (…) la complexité du pays. Il y a bien sûr les motifs géométriques visibles au premier regard, ceux aux lignes bien tracées, colorées, évidentes. Or, chacun de ces motifs offre une double lecture: celle de la forme elle-même et celle du négatif de la forme… des motifs d’arrière-plan en quelque sorte, tout aussi importants. Démontrant ainsi que ce qui "n’est pas" compte autant que ce qui "est"». Ce petit livre est indispensable pour qui souhaite comprendre la Turquie au-delà des caricatures qui en sont faites.
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