Culture

Carlos Ghosn s’est évadé! En cette fin d’année 2018, les médias et l’opinion sont en émoi. Soupçonné d’abus de biens sociaux, arrêté par les autorités japonaises et emprisonné, puis assigné à résidence, l’ancien PDG de Renault et patron de l’alliance Renault-Nissan s’est littéralement fait la malle, pour le plus grand bonheur des titreurs. C’est bien enfermé dans un caisson pour instruments de musique que l’homme a réussi à embarquer dans un avion depuis Osaka, direction le Liban, son pays d’origine. Depuis, alors qu’il ne cesse de clamer son innocence et de dénoncer une manipulation, Carlos Ghosn bénéficie de l’aura de sympathie conférée par le panache de l’acte. Oubliés, les millions détournés. On ne s’étonnera donc pas outre mesure de l’indulgence de ce documentaire. La part belle est faite aux images d’archives de ce jeune chef d’entreprise pas sorti du même moule que ses confrères, ambitieux et à la réussite spectaculaire. Des grandes voix médiatiques japonaises jusqu’à son ancienne femme de chambre, l’admiration est unanime. Les chefs d’accusation sont vite balayés: les Japonais sont bien ingrats, après tout, et probablement jaloux... On préfère s’attarder sur un motif qui ne lassera jamais: ascension et chute, grandeur et décadence. L’affaire Carlos Ghosn est loin d’avoir livré tous ses secrets, elle s’est au contraire changée en mythe des temps modernes.