Culture / Lucy Krohg au chapeau rose
«La Dame au chapeau rose», Raphaël Aubert, Editions de l’Aire, 35 pages.
Un écrivain en résidence au Musée Jenisch de Vevey. Une huile sortie des réserves et exposée à part, dans une vitrine. Attribuée à Jules Pascin, elle représente une femme «coiffée d’un chapeau pas tout à fait "à la Garçonne" (...) ce visage avec cette bouche minuscule impossible à oublier. Tache rouge, cerise sanglante au-dessous des yeux comme perdus dans les lointains». Un visiteur passant par là, s’attardant sur la toile... A moins que l’écrivain ne l’ait rêvé. A moins que l’homme n’ait rêvé l’écrivain. La Dame au chapeau rose, récit de Raphaël Aubert, a bien été écrit lors d’une résidence au Musée. L’auteur a reconnu dans la dame, portant un chapeau rose, celle qui fut la maîtresse de Pascin, Lucy Krohg. Mais est-ce l’écriture qui épouse l’art? La vie et la mémoire qui finissent par se cristalliser en écriture? Ici, la fiction et l’histoire de l’art s’entremêlent. On passe ainsi de la rive brumeuse du lac, par une matinée d’automne, à une galerie d’art de la place Saint-Augustin à Paris. La figure maudite du peintre croise le fantôme, mille fois répliqué, du modèle. La trajectoire du couple Lucy Krohg-Jules Pascin est elle aussi sans cesse recommencée et commentée, diffractée en d’étranges sensations de déjà-vu. Un très pictural petit mystère.
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