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Culture

Culture / Les années Poutine

Marie Céhère

24 juin 2022

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«Le mage du Kremlin», Giuliano da Empoli, Gallimard, 288 pages.



Vadim Baranov est le seul personnage à porter un nom fictif, dans le premier roman du politologue Giuliano da Empoli (Les ingénieurs du chaos, 2019). Librement inspiré du véritable conseiller politique de Vladimir Poutine Vladislav Sourkov, Baranov, désormais retiré de la vie du Kremlin, raconte, à la première personne, au cours d’une nuit et à un journaliste occidental, les «trois lustres» qu’il a passés à partager les insomnies, à ourdir les manœuvres, à soutenir l’ascension du président russe. Comment il est passé avec naturel de la production d’émissions de télé-réalité, au cours des sauvages années 1990, à la politique intérieure et extérieure la plus subtile et brutale. La force du roman, c’est le talent et la profondeur avec lesquels l’auteur plonge dans l’esprit de son personnage. On le lit tantôt comme un mode d’emploi (bien nécessaire et trop rare en ce moment) de ce qui fait peur et fantasmer l’Occident, à savoir la fameuse «âme russe», tantôt comme un traité machiavélien sur le pouvoir. Le résultat fait froid dans le dos. Seule la chute, malgré sa vocation sublimatrice, est un peu décevante: Baranov semble avoir trouvé sa rédemption, mais on aime que les méchants restent méchants. 

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