Culture / En route vers la joie avec un philosophe meurtri mais espiègle
«Cahiers d’insouciance», Alexandre Jollien, Editions Gallimard, 224 pages.
Dans les milieux intellectuels, Alexandre Jollien est souvent caricaturé et moqué. Un handicapé qui fait de la philosophie, ce n’est pas très sérieux. En plus, il sourit tout le temps, est ami avec Matthieu Ricard et Bernard Campan, énonce les choses simplement, sans effet de manche mais avec les gestes maladroits et désordonnés que provoque son handicap. Et il a un succès populaire, ce qui finit de le discréditer chez ceux qui pensent penser et se regardent le faire. Lorsqu’on le lit et qu’on l’écoute vraiment, on se rend compte qu’Alexandre Jollien est un philosophe en mouvement. Qu’il navigue au milieu des tempêtes avec un sacré pied marin et un esprit vif. Ses Cahiers d’insouciance, il les a dictés comme des kakaotalks, explique-t-il, KakaoTalk étant la version coréenne de WhatsApp. Il dit tout: le soir où il a hésité à se suicider, sa sexualité, ses tatouages, les dix-sept ans qu’il a passés dans une institution spécialisée... Il le fait en philosophe espiègle, se réfère à Nietzsche, à Spinoza, à Bukowski, au bouddhisme zen… Alexandre Jollien ne s’épargne rien, surtout pas la passionnante et parfois terrible tension dialectique qui est à l’œuvre entre le désir de détachement et l’humanisme. A le lire, on se sent plus léger, c’est rare.
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