Culture / Serviteur de son peuple
«Serviteur du peuple» («Слуга народу»), première saison de 23 épisodes en ligne sur Arte.tv.
Si vous avez aimé Bienvenue, Mister Chance de Hal Ashby, vous aimerez Serviteur du peuple, la série qui a fait de Volodymyr Zelensky une star, puis le président de l’Ukraine, par une de ces brèches entre fiction et réalité dont s’amuseront les futurs historiens. Mais à la différence de Peter Sellers, Volodymyr Zelensky n’incarne pas un idiot lunaire qui impressionne, par ses sentences décalées, des milliardaires tirant les ficelles. C’est même l’inverse. Son personnage, comique dès les scènes d’ouverture, est professeur d’histoire et plutôt politisé. Alors que des élections approchent, il pète les plombs face à un collègue, traite tous les candidats d’«enfoirés». Un élève enregistre, et c’est la folie immédiate sur Youtube, puis les plateformes de crowdfunding pour financer la campagne. Et c’est parti pour une multitude de situations cocasses, toutes fondées sur le décalage entre cet homme «normal» et la sophistication de l’exercice du pouvoir en Ukraine. Humour de niche à base d’agents russes et biélorusses, d’oligarques jaloux de leurs robinets financiers, de tentatives échouées de lutte contre la corruption. Regarder Serviteur du peuple, ce n’est pas seulement un divertissement, pour le talent comique de Zelensky, c’est l’occasion de mieux saisir les arcanes, pas toujours propres, de la politique ukrainienne, c’est l’occasion de voir Kyiv debout et au soleil, c’est l’occasion enfin de revivre, qu’on le veuille ou non, la naissance d’une icône européenne – en témoignera ce coup de téléphone, fictif mais d’anthologie avec Angela Merkel à propos de l’UE. Bienvenue, Mister Zelensky.
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