Culture / Une partition pour l’histoire
«Qu’une seule âme sur la terre», Raphaël Aubert, Editions Buchet-Chastel, 224 pages.
D’abord la musique, celle de Beethoven, conduite par Furtwängler à Bayreuth, en 1951. En elle-même éternelle et capable de revivre même après avoir été le fond sonore du pire commis par les hommes. Puis, apparaît un destin, une trajectoire européenne, Grodno, Vienne, Varsovie, Paris, Londres..., que l’auteur commence à ébaucher alors que sonnent encore aux oreilles du lecteur les mesures de l’Hymne à la joie. Celle d’Antonin Tcherniakovski, violoniste polonais, puis engagé dans l’Armée rouge, fait biélorusse par le jeu des frontières. Le roman de notre collaborateur Raphaël Aubert met en scène l’Histoire, ses secousses écrites comme une partition dont les hommes seraient des interprètes plus ou moins heureux. Autour de la figure devenue fantomatique d’Antonin, une institutrice vaudoise, Alberte, et un narrateur, qui vole de Rome à Berlin en passant par Lucerne, pour comprendre qui est l’homme qui a tant «compté dans la vie de sa mère». Qui est la femme qui l’a aidé à repasser à l’Ouest après qu’il avait été laissé pour mort dans une rue de Berlin-Est, dans les années 70? Les dates se mélangent, il faut dégager son histoire du brouillon des souvenirs, du brouhaha des événements. Si Antonin est bien le père du narrateur, comme on s’en doute, on ne le saura pas vraiment, et c’est tant mieux. En lieu et place des intrigues trop humaines sont là, fixes et inépuisables, la musique, le violon, l’art, la Galleria Colonna, les collines romaines, puis Montreux, la rive du lac, la mémoire.
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