Culture / Des mots qui sont autant d'aéronefs
«Le suc des sèves», Laurent Galley, Editions de l’Aire, 92 pages.
«Partir, quitter, c’est revenir – de l’autre côté». Cette matière littéraire est celle d’un poète «plus libertaire encore que libéral», prenant appui sur des mots qui sont autant d’aéronefs. «Quand le port quitte le bateau / Le bateau devient pays». De la poésie libre, pas la meilleure forme qui soit, mais dont chaque vers apparaît nécessaire. Un écrivain qui cherche dans les sèves le suc, dans les choses la substance, dans le réel l’essentiel. Il nous dit sa révolte, et ce qu’il en fait pour consentir à être: «vivre d'aimer vivre». Il y a du camusien dans cette célébration de la vie par l’art et sur fond de dépassement de l’absurde. «A jamais vie plus dense que la danse des vies!» Le lecteur las des conformismes saura y trouver un éloge de l’original, du surprenant, qui caractérise le goût de l’existence: «Une seule voix discordante/Une seule vie de traverse/Et la couleur du ciel est changée.» D’ailleurs, nous n’assistons pas, avec ces pages, au seul témoignage d’une voix poétique: il s’agit aussi de pousser le lecteur au moyen d’un souffle enthousiaste. «Prenez les rênes de vos élans», nous lance l’auteur genevois Laurent Galley dans ce nouveau recueil. A nous d’imaginer lesquels.
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