Culture

Mettant en scène les coulisses des accords de Munich, en 1938, ce film est controversé. Certains y voient une tentative révisionniste de réhabiliter le Premier ministre britannique Arthur Neville Chamberlain, communément accusé d’avoir, avec le français Edouard Daladier, sacrifié la Tchécoslovaquie pour éviter, provisoirement, la guerre avec l’Allemagne d’Adolf Hitler. Dans L’étau de Munich, Chamberlain est interprété par l’admiré Jeremy Irons et cela semble suffire pour condamner le film. C’est un peu simple: la sympathie qu’on a pour un acteur ne devrait pas influencer celle qu’on a, ou pas, pour un personnage. Adapté du roman Munich de Robert Harris, il s’agit d’une superbe reconstitution historique et d’une histoire prenante, bien que fictive, celle de deux amis, un Anglais et un Allemand – lequel fait partie de la résistance allemande à Hitler, qui veulent empêcher la signature de l’accord. Même si la fin est évidement connue, le suspense est intense: à Munich le danger entoure les deux jeunes gens. Le scénario est sobre, le jeu des acteurs aussi, ça change des effets de manche et des envolées moralisatrices de beaucoup de films actuels. Et la relation entre les deux héros, et la leur avec le monde qui les entoure, passe d’une délicate mélancolie à un profond désespoir, en adéquation avec la brutalité de l’époque.