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Actuel / Le nationalisme indécent de la Catalogne

Jacques Pilet

20 août 2017

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S’il fallait une preuve de plus que le nationalisme peut faire dérailler, il faut se tourner vers la Catalogne. Endeuillée par les abominables tueries de Barcelone et Cambrils, effarée de découvrir que le réseau des jeunes djihadistes a été créé par un imam, aujourd’hui évaporé, dans une petite et paisible localité. La décence voudrait qu’en de telles circonstances, une sourdine soit mise aux polémiques nationalistes. Eh bien, non.



Le petit parti d’extrême-gauche CUP (Candidature d’union populaire) qui compte une dizaine de députés à l’assemblée catalane se distinguait déjà par ses slogans: «Chassez l’Espagne, chassez la monarchie, chassez l’UE, chassez le capitalisme». Il a annoncé qu’il ne s’associera pas à la cérémonie prévue d’hommage aux victimes des attentats. Car selon la députée Mireia Boya, «Felipe VI finance le djihadisme»! Rien que ça. Son raisonnement: le roi d’Espagne a de bonnes relations – comme tant de chefs d’Etat européens – avec les monarchies du Golfe qui ont financé Daesh et lui ont livré des armes. 

Qu’il y ait beaucoup à dire sur la connivence européenne avec des monarchies qui mènent la guerre au Moyen-Orient et répandent partout l’idéologie du salafisme, sans doute. Mais à force de tout mélanger, on s’égare, on se ridiculise.

Les dirigeants catalans, de Carles Puigdemont, président de la Généralité de Catalogne, à ses «ministres», ont tenté, eux aussi, de marquer des points à l’occasion de cette tragédie. Obsédés par leur campagne en vue du référendum sauvage sur l’indépendance qui doit se tenir dans six semaines. Ils se sont bousculés pour griller la politesse aux représentants du gouvernement espagnol au moment de recevoir leurs homologues européens venus témoigner de leur solidarité.

Qui peut croire qu’une Catalogne indépendante serait mieux armée contre le terrorisme?

Ces autorités sont allées jusqu’à distinguer les victimes catalanes et espagnoles dans leur bilan du massacre pays par pays. El Pais en évoque plusieurs, des hommes et des femmes venus de toute la péninsule à Barcelone souvent depuis plusieurs décennies. «Celui qui est venu d’ailleurs doit-il rester pour toujours d’ailleurs? Ou arrive-t-il un moment où il sera du lieu? Ces gens classeront-ils la pauvre victime belge en tant que flamande ou wallonne? »

La logique du nationalisme est en marche. Brandir le drapeau pour éclipser les vrais problèmes. Qui peut croire qu’une Catalogne indépendante serait mieux armée contre le terrorisme? Et l’envahissement du tourisme de masse? Le problème est du ressort des mairies. Les mafias corruptrices? Elles sont à la fois locales et internationales: les cocoricos nationalistes ne les intimident pas. Au passage, on peut noter que le vieux gourou catalan Jordi Pujol et sa famille ont été inculpés pour corruption et fraude fiscale pendant des décennies. Grâce à l’obstination des juges espagnols plus que le désir de transparence des autorités locales. 

Et si l’on parlait de la dette publique qui grimpe à toute allure en Catalogne comme dans tout le pays? Elle est de 75 milliards d’euros dont les deux tiers fournis par la Banque d’Espagne, via le Fonds de liquidités aux autonomies. Ce n’est pas un sujet pour les indépendantistes. Ils préfèrent le rêve.

Et quel rêve! Certains d’entre eux disent vouloir regrouper dans un Etat fédéral la Catalogne jusqu’à et y compris Valencia, celle qui s’étend selon eux en France, aux Baléares, et même à Alghero en Sardaigne. Au nom du passé comme aiment le brandir les nationalistes.


A lire: l'article d'El Pais

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