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Culture

Culture / Un cimetière, par une nuit d'hiver

Marie Céhère

12 novembre 2021

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«Le cimetière englouti», Goran Tribuson, Serge Safran Editeur, 208 pages.



On raconte que les hommes vivant au plus près d’un cours d’eau finissent par sombrer dans une folie très spéciale. «Avec une rivière, voyez-vous, il ne faut pas plaisanter.» C’est sans doute le conseil le plus sage qu’ait reçu Ivan Hum, de retour dans sa ville natale, quelque part dans les brumes de l’hiver d’Europe centrale, après un séjour en prison. La raison de cette peine et de son retour sont évidemment au cœur de l’intrigue, mais pas seules. Dans le roman de Goran Tribuson, tous les chemins du village mènent au cimetière. Les tombes sont emportées les unes après les autres par le cours d’eau, la terre est humide, on s’enfonce partout où on pose le pied. Les habitants s’efforcent d’achever la construction d’un énième pont, voué à l’engloutissement, tandis que le gardien du cimetière revend aux familles étrangères des ossements prélevés au hasard dans les débris. Un radiesthésiste, la recherche d’un trésor, un asile psychiatrique complètent ce tableau sans grand-guignol. Les éléments d’une affaire à laquelle il n’avait aucune raison d’être mêlé mènent Ivan à son passé, à sa famille, à une quête de vérité en miroir où il devra se demander s’il n’est pas, lui, le seul fou au village. On dit aussi qu’il ne faut pas raconter d’histoires de fantômes dans les lieux qu’ils pourraient hanter. 

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