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Culture

Culture / Une femme en robe

Marie Céhère

12 novembre 2021

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«Ernestine ou la justice», Emmanuel Pierrat et Joseph Vebret, Editions Les Escales, 275 pages.



Le 24 mars 1919, après presque cinq ans de détention préventive, Raoul Villain comparait devant une cour d’assises pour l’assassinat de Jean Jaurès. Un procès spectacle et au fort pouvoir médiatique, au terme duquel l’homme sera acquitté. L’avocat et écrivain parisien Emmanuel Pierrat met sa connaissance et sa pratique du droit au service d’un roman historique, sur les traces d’une jeune avocate fictive, Ernestine Gaudivot. Ernestine, fille de bourgeois, destinée à un mariage sans éclat, décide de s’émanciper des codes de son milieu et de s’inscrire à la faculté de droit. Admiratrice de Jaurès, engagée à son échelle pour les droits des femmes, pour son premier poste de juriste elle est chargée de préparer la défense de Villain. Entre compte-rendus des audiences, constitution du dossier de la défense, balbutiements romantiques et révolte filiale, les deux auteurs font état des hésitations morales de l’héroïne, de sa marche vers la liberté, de son parcours auquel la guerre, en emportant la vie de millions d’hommes, a donné un coup de pouce ironique. Malgré un style souvent anachronique et parfois sentimental, on se prend au jeu de cette fiction judiciaire. On s'agace, avec Ernestine, de voir que ce qu’on n’appelait pas alors «le patriarcat» refusa longtemps aux femmes de porter la robe... dans les prétoires. Et on révise toujours avec profit le bouillonnement politique et idéologique qui précéda et suivit la Grande guerre.

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