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Culture

Culture / Je brûle Paris

Jacques Pilet

16 juillet 2021

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«Je brûle Paris», Bruno Jasienski, Editions du Félin, 336 pages.



Petite plongée dans la littérature stalinienne! Amusant et troublant, d’une plume alerte, le roman de Bruno Jasienski, Polonais communiste en France, publié en 1928 par L’Humanité, fraichement réédité. Ecrit en réponse à Je brûle Moscou de Paul Moran, pamphlet anti-soviétique. Immense succès à l’époque, traduit en plusieurs langues. Le héros de l’histoire, Pierre, est un ouvrier au chômage, humilié de toutes parts. Pour se venger, il en vient, grâce à sa connivence avec un ami qui travaille dans un laboratoire de recherches sur les virus, à s’emparer d’un échantillon de la peste noire! Et il va le déverser dans un réservoir des eaux parisiennes. Le 14 juillet. Panique! Malades et morts par milliers. La ville mise en quarantaine se divise en clans nationaliste: les Chinois, les Juifs, les Russes blancs de Passy, et tant d’autres, tous se barricadent et se dressent les uns contres les autres. La police poursuit, traque et punit les infractions. Un monsieur chauve pérore: «Nous devons constater que nous nous situons en face d’un morcellement de ce qu’est devenue, pour nous, la France, et que devant ce fait, la démocratie française s’est trouvée moralement égale à zéro.» Le roman fait aussi un détour par la Chine, bien décidée à faire la nique à l’Europe. Tiens, tiens… Le malheureux romancier fut célébré et invité en URSS où il s’établit, devint membre de l’Union des écrivains soviétiques. Mais il tomba en disgrâce, condamné et fusillé le jour même, le 17 septembre 1938. Réhabilité en 1955.

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