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Lu ailleurs

Lu ailleurs / Zoom... sur les imperfections


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Si vous avez déjà participé à une réunion Zoom ou sur une autre plateforme du même goût, vous vous êtes peut-être fait cette réflexion: cette lumière, l’angle de la webcam, ce fond ou cette chemise ne vous met vraiment pas en valeur... Vous vous êtes peut-être trouvé fatigué, plus vieux que vous ne le pensiez, plus marqué. Surtout si vous êtes un homme. Car n’en déplaisent aux idées reçues, ces tracas esthétiques ne sont plus l’apanage des femmes. Un article de «The Gardian» en parle.



Le 3 mars dernier, un article du Guardian faisait le bilan d’une année de télétravail, du point de vue des médecins et chirurgiens esthétiques britanniques. Ces derniers relèvent une hausse spectaculaire (plus 70% en 2020) des demandes de consultations, principalement pour des injections de Botox ou autres techniques rajeunissantes. Et leurs nouveaux patients sont, pour une écrasante majorité, des hommes. 

Si certains ont vite adopté le code vestimentaire particulier du télétravail (chemise, cravate et veste en haut, slip et pantoufles en bas), d’autres sont contrariés par l’image que leur renvoie la webcam. A raison de plusieurs heures de réunion par semaine, voire par jour, les télé-travailleurs ont eu tout le loisir de scruter leur visage sur l’écran et de faire le compte de leurs imperfections. 

Le stress, le manque de sommeil, les soucis du confinement n’aidant pas, une étude menée par la clinique esthétique londonienne Uvence affirme que 11% des hommes considèrent qu’ils ont l’air 5 ans plus vieux qu’ils ne sont réellement. Pour résumer et en anglais, les hommes se trouvent de moins en moins Zoom-ready.

Les interventions les plus demandées visent les cernes, les rides autour des yeux et les contours du visage. Chez les hommes, les actes les plus populaires sont les injections de Botox, le comblement cutané pour une définition de la mâchoire plus nette, la correction du menton et du double-menton. Les professionnels constatent aussi une demande croissante pour des interventions plus invasives (la rhinoplastie, par exemple), l’isolement permettant de résorber hématomes et cicatrices loin des regards. 

Au Royaume-Uni, le secteur, en plein essor, est désormais évalué à 1 milliard de livres. 

Mais qu’on n’exagère pas le «changement anthropologique» provoqué par la crise du Covid-19. La pression du «jeunisme» dans le monde du travail est une réalité depuis plusieurs années. En témoigne, par exemple, un banquier de la City cité par le Guardian et préférant garder l’anonymat. L’homme, âgé d’à peine plus de quarante ans, dit avoir déjà subi pour près de 2000 livres d’interventions esthétiques rajeunissantes afin de conserver son poste, interventions qu’il est tenu de nier avoir réalisées, pour conserver aussi sa crédibilité. Et il n’est pas le seul dans ce cas. 

Les Etats-Unis et particulièrement les entreprises de la Silicon Valley sont engagés sur la même pente. Selon la Société Américaine de chirurgie plastique, le nombre d’hommes recevant des injections a augmenté de 99% en vingt ans! 

Le jeunisme est même désormais un motif reconnu de discrimination à l’embauche. En 2019, Google s’est vu contraint de verser 11 millions de dollars à 200 plaignants, âgés de plus de 40 ans, estimant avoir été écartés du recrutement en raison de leur âge. 

Si la crise du Covid-19 aura été une occasion, pour beaucoup d’hommes, de changer aussi de visage, déplorons tout de même qu’en pleine pandémie, crise économique, crise sociale et psychologique, nous ne soyons pas libérés des injonctions à la perfection physique, à la jeunesse et à la peau de pêche éternelles. Messieurs, ne désespérez pas! Penchez-vous plutôt sur les dizaines de blogs féminins qui vantent le charme inimitable des cheveux gris et des rides au coin des yeux.


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