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Lu ailleurs

Lu ailleurs / Contre le régime, les urnes sauvages ont parlé (actualisé)

Jacques Pilet

17 juillet 2017

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C’est du jamais vu. Les opposants au régime de Nicolas Maduro, héritier de Chavez, ont organisé ce dimanche 16 juillet un référendum symbolique. Pour réclamer la destitution du président, pour dire non à l’élection, prévue dans deux semaines, d’une assemblée constituante qui permettrait au président de se maintenir au pouvoir après son actuel mandat. Succès: 7,18 millions de citoyens et citoyennes ont voté. Le gouvernement n’est pas parvenu à empêcher la consultation.



Cette initiative inouïe, unique dans l’histoire, s’explique par l’exaspération d’une majorité de la population (70% selon les sondages) devant la dérive autoritaire du pouvoir et le chaos économique. Le pays est dans un état lamentable. L’inflation est devenue folle. Les biens de consommation manquent dans les magasins. L’économie est quasiment paralysée. L’Etat n’arrive plus à fonctionner normalement depuis des années, en raison du bas prix du pétrole (96% des exportations).

Le président Maduro qui n’a ni le charisme ni l’habileté de son célèbre prédécesseur concentre tous les pouvoirs. Il détourne les décisions du parlement où l’opposition a la majorité, il destitue les juges qui ne lui sont pas favorables. Il fait arrêter les têtes de l’opposition.

Un vote «coup d’Etat»

Celle-ci est divisée, partagée entre la droite, les démocrates-chrétiens et les ex-chavistes. Elle a su néanmoins se rassembler autour de la «Table de l’unité démocratique» qui a eu l’idée de cette consultation populaire, certes approuvée par l’Assemblée parlementaire, mais qui ne sera pas reconnue par le pouvoir qui voit dans ce vote «un coup d’Etat». 

Depuis 100 jours, la capitale est en proie aux manifestations hostiles au gouvernement et à une répression brutale: on compte déjà 97 morts. L’organisation du référendum a été bien préparée: 1600 points de vote, souvent dans des locaux de l’Eglise qui est favorable à la démonstration, 200 à l’étranger. Dont un à Genève!

Cinq anciens chefs d’Etat latino-américains se sont rendus sur place pour contrôler le bon déroulement du scrutin. Ceux-ci ont été traités de «clowns» et de «mercenaires» par le ministre des affaires étrangères qui a déclaré «non grata» l’ex-président mexicain Vicente Fox. A l’exception du Bolivien Evo Morales, les dirigeants de la région ont tous pris parti pour l’opposition à Maduro. Silence en revanche à Washington. Et pour cause: le caudillo de Caracas dit vouloir rencontrer Trump et vient de signer un contrat de 1,6 milliard de dollars avec une firme pétrolière américaine.

«Maduro est mathématiquement révoqué à partir d’aujourd’hui»

La participation à cette consultation symbolique a été impressionnante: 6,49 millions de bulletins ont été déposés dans les urnes improvisées, plus 693 000 à l’étranger. Car ce pays qui fut longtemps une terre d’immigration a vu ces dernières années des centaines de milliers de personnes fuir le régime et le marasme. En gros, le nombre des voix ainsi exprimées est le même que celui recueilli par l’opposition lors des dernières élections législatives.

Le président de l’Assemblée parlementaire, Julio Borges, a déclaré dimanche soir que «Nicolas Maduro est mathématiquement révoqué à partir d’aujourd’hui». Ce qui ne le fera pas partir. Il maintient sa consultation à lui, l’élection d’une assemblée constituante à sa botte, le 30 juillet, afin de «raffermir la révolution». 

Mais le vent est en train de tourner. A preuve, même les médias acquis au pouvoir ont dû rendre compte, avec plus ou moins de réserve, du succès de l’opération de dimanche. Tout en annonçant d’ores et déjà celui de l’élection voulue par Maduro.

Plusieurs manifestations hostiles à ce projet auront lieu ces prochains jours. Le calme ne reviendra pas de sitôt. Pas plus que l’assainissement (lequel?) de l’économie.


L'article de El Nacional: «Unidad: Nicolás Maduro matemáticamente está revocado el día de hoy»


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