Média indocile – nouvelle formule

A vif

A vif / Animal BB

Isabelle Falconnier

16 juillet 2017

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Quel animal. Gros son et mélancolie par kilos sur la scène du Lab lorsqu’après le trop sage Charlie Cunningham et avant l’imprécateur Benjamin Clementine, en veste et pantalon jeans, t-shirt froissé, banane molle et poches sous les yeux, à la fois indifférent et passionnément incarné, Benjamin Biolay a fait son entrée. Et puis, c’était parti pour une heure sans temps mort.

Porté par une lumière dorée et des basses grasses, moites et sensuelles, revisitant son pedigree de musicien tout en portant ses deux albums actuels que sont Palermo Hollywood et Volver, BB s’est fait coquin avec La garconnière, un bon souvenir de l’album Trash Yéyé, ou le récent Miss Miss, royal lorsqu’il envoie La Superbe ou Palermo Hollywood, rocker brut et précis avec Encore Encore ou Pas d’ici, disco funk avec l’hystérique et bordélique Roma Amor, planant et électro avec le déchirant Négatif de 2003, chagrin et morose avec la chanson éponyme de Volver ou le poignant 15 septembre, véritable réussite de l’album La Superbe.

Mélancolie liquide

Il faut saluer l’exploit: ce type qui arpente la scène, ondulant avec des airs de matou matant nonchalant un public acquis, est le maître des contraires. Intello et sensuel, dandy et déglingué, lourd et souple, il manie langueur et énergie, velouté et râpeux. Il ne fait rien pour plaire, mais il plait, et les filles veulent être en même temps sa catin, sa sœur, sa mère, sa domina, son doudou et son amoureuse transie. Les alchimistes transformaient le plomb en or: il crée sur scène une nouvelle matière qui a tout de la mélancolie liquide.

Et lorsqu’il finit à genoux après une version sauvage de A l’origine, son tube de 2005, l’habitant bien mieux aujourd’hui qu’alors, à cause des années, des amours, du relâchement, du découragement, de la liberté acquise, on sait qu’on a vu un chanteur.

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