Actuel / De la multiplication des sardines
Déjà évoqué dans Bon Pour La Tête, le mouvement italien des « sardines », né en réaction à la politique de Matteo Salvini et de son parti, la Lega, fêtait samedi son premier mois d’existence avec un «Sardine Day» mondial, une série de rassemblements dans une trentaine de villes. Choses vues et entendues à Paris.
Bordeaux, Grenoble, Lyon et Paris pour la France, Berne et Zurich en Suisse, mais aussi San Francisco, Boston, Varsovie, Helsinki, Dresde, et bien sûr, Rome, avec plusieurs dizaines de milliers de personnes sur la place Saint-Jean-de-Latran. Le mouvement pacifique et antifasciste des sardines, créé voilà un mois par 4 trentenaires originaires de Bologne a essaimé partout en Italie, et désormais au-delà des frontières.
Malgré la grève des transports, ils étaient quelques centaines rassemblés à Paris sur l’esplanade des Droits de l’Homme, au Trocadéro, le spot favori des touristes pour photographier la Tour Eiffel. De fait, l’image est belle.
© Marie Céhère
Après avoir chanté en choeur Bella Ciao, la chanson iconique et traditionnelle des mouvements protestataires en Italie, les participants, brandissant des sardines en carton (affublées pour l’occasion d’un béret, d’un verre de vin et d’une baguette) et des banderoles aux couleurs de l’Italie, se sont réunis autour de Valentina Cogliandro, haut-parleur en main. Cette trentenaire calabraise vit et travaille en France, dans le domaine paramédical. C’est elle qui a organisé, en coordination avec les sardines de Bologne, l’événement parisien. La communauté italienne de France a répondu présente: des gens de tous horizons, de tous âges, enfants et retraités, mais surtout beaucoup de trentenaires, inquiets pour l’avenir de leur pays et de l’Europe.
Le communiqué de presse appelait à réunir ce samedi toutes les bonnes volontés, italiennes et françaises, «contre toute forme de racisme et de souverainiste de la politique italienne actuelle et contre la dérive populiste de l’extrême-droite en Europe.»
Valentina Cogliandro, organisatrice de la manifestation Sardine a Parigi. © Marie Céhère
«Parigi non abbocca», «Paris ne mord pas à l’hameçon» lit-on ici ou là, sous-entendu, ne tombe pas dans le piège du populisme... Il y avait bien quelques Français, mais pas de gilets jaunes à l’horizon, pas d’allusion aux questions sociales qui soulèvent les foules depuis 10 jours. Trop politique, trop théorique peut-être, le discours des sardines ne fait pas (encore?) vraiment recette en France.
Un avenir flou
Le rassemblement est festif, bon enfant. On chante, on danse, on s’embrasse pour se réchauffer. C’est surtout l’occasion, pour les Italiens, de montrer qu’ils n’abandonnent pas le combat républicain.
«Il y a deux Italie. L’une, crédule et raciste, l’autre, révoltée face à ce qui se passe», analyse Valentina Cogliandro. «La première ne cherche pas de solutions, seulement à pointer du doigt, à stigmatiser les prétendus responsables de la crise économique et politique italienne, c’est dangereux, et stérile.»
Plus de sardines, moins de Salvini ! © Marie Céhère
De l’aveu même des organisateurs, le mouvement des sardines, aux multiples visages, aux contours politiques mal dessinés, est donc d’abord une réaction de défense, contre le populisme, contre Matteo Salvini. Son agenda ne prévoit pas d’offensive politique concertée. A l’instar de ses camarades, Mattia Santori, figure du mouvement, qui écume les plateaux télévisés italiens, se montre assez discret, probablement indécis sur la suite à donner à ce mouvement.
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