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Actuel / Pour un traité contre la violence faite aux femmes


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Le Traité toutes les femmes, une campagne internationale lancée début mars et portée par 1'700 activistes de 128 pays, veut pousser les Etats à adopter un traité contre la violence envers les femmes.





Un article de Isolda Agazzi, journaliste (son blog: Ligne d’horizon)  et responsable du bureau romand d’Alliance Sud


«Aujourd'hui dans plusieurs villes du Pakistan il y a eu des manifestations pour les droits des femmes – auxquelles ont participé des hommes aussi – et notre principale revendication était de mettre fin à la violence envers les femmes. Je suis rentrée juste pour prendre votre appel», s’exclame Simi Kamal, jointe par téléphone le 8 mars dernier. Cette militante des droits des femmes est membre du comité directeur du Traité toutes les femmes, une campagne internationale lancée début mars dans le monde entier pour exhorter les Etats à négocier et adopter un traité contre la violence faite aux femmes. «Un traité international très fort nous donnerait le bon bâton pour 'battre' le gouvernement et adopter les lois qui vont avec, ajoute-t-elle. Nous avons utilisé avec succès la Convention sur l’élimination de la discrimination envers les femmes (CEDAW), mais elle ne couvre pas les questions de violence, elle ne va pas assez loin et les pays de notre région y ont apporté plein de réserves. La violence est un problème global. Elle a différentes manifestations et chez nous elles sont particulièrement pernicieuses».

Un pays sur quatre n’a pas de loi sur la violence domestique

1'700 défenseuses des droits des femmes de 128 pays ont donc lancé une campagne qui s’inspire d’autres campagnes à succès, celle sur le Traité anti-tabac et celle sur le Traité pour l’interdiction des mines antipersonnel. Elles demandent un traité international qui oblige les Etats à adopter des lois sur la violence envers les femmes; à promouvoir des campagnes de formation pour la police, les juges, les médecins et les infirmières; à mettre en place des programmes de prévention par l’éducation et des services pour les survivantes. Au passage, le traité devrait aussi leur permettre de lever des fonds.

Car les chiffres sont éloquents: selon l’OMS, une femme sur trois dans le monde a subi une agression sexuelle, y compris de la violence conjugale. 359 millions de femmes ne sont pas protégées contre le harcèlement sexuel sur leur lieu de travail. Un pays sur quatre n’a pas de loi contre la violence domestique, alors même que les lois ont un impact: aux Etats-Unis, quinze ans après l’adoption d’une loi sur la violence faite aux femmes, la violence conjugale a diminué de 53%. L’éducation marche aussi: en Ouganda, après la mise en place d’une formation sur la prévention, la violence conjugale était de 52% moins élevée dans les huit communautés qui l’avaient suivie que dans les autres.

Au Pakistan, un enchevêtrement de lois et la meilleure interprétation pour les hommes

Qu’en est-il au Pakistan? «Il y a beaucoup de lois, nous répond Simi Kamal. Certaines viennent des anciens colons anglais, d’autres sont des lois traditionnelles, codifiées ou pas, d’autres des lois islamiques. Elles s’entremêlent et leur impact est différent sur les hommes et les femmes – avec la meilleure interprétation souvent réservée aux hommes.»

«La violence n’est pas un phénomène limité à certains pays et les traités internationaux agissent au niveau global, renchérit Meera Khanna, une sociologue indienne aussi membre du comité exécutif de la campagne. On ne parle pas seulement de violence physique comme le passage à tabac ou le viol, mais aussi de violence économique, émotionnelle, verbale. Réduire une femme à un objet sexuel, c’est de la violence. La particularité de ce traité est qu’il reposerait sur un processus consultatif mené par des survivantes dans le monde entier, qui a duré cinq ans et a abouti à un appel du peuple. Si les Etats se décident à lancer des négociations, ils doivent écouter ces voix!»

Meera Khanna travaille surtout avec des veuves et des femmes défavorisées en Inde. Elle nous explique que la pension de veuve n’y est pas automatique: l’Etat donne un certain montant aux femmes nécessiteuses, mais pour l’obtenir elles doivent en faire la demande, ce qui prend beaucoup de temps, et il peut être retiré. Si la pension était universelle et inscrite dans la loi, elle serait versée automatiquement à toutes celles qui y ont droit. «Mais la violence économique s’exerce aussi dans les pays industrialisés, où des femmes ne peuvent pas subvenir à leurs besoins car elles ne reçoivent pas de pension», continue l’écrivaine indienne.

«Les femmes du monde entier ont fait cause commune, elles ont trouvé une définition sur laquelle nous sommes toutes d'accord, pour qu’on ne dise pas que telle pratique est autorisée par telle culture, se réjouit Simi Kamal. Maintenant nous allons commencer à parler aux gouvernements. Ici au Pakistan, nous sommes en train de discuter avec les officiels et dans quelques mois nous ferons encore d’autres lancements, plus formels. Nous voulons avancer au même rythme que les autres pays!»

Nous lui souhaitons bonne chance et la laissons retourner aux manifestations pour les droits des femmes.

VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

1 Commentaire

@marmendel 07.04.2019 | 11h12

«Initiative capitale, pourvu qu'elle aboutisse. Le public doit être informé de don existence et de son évolution jusqu'à son entrée dans le droit international.»


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