Lu ailleurs / Révolte au Maroc contre trois entreprises et un système
Depuis huit semaines, un mouvement populaire de protestation agite le Maroc d’une façon inédite. Une consigne de boycott a été lancée sur les réseaux sociaux visant trois entreprises: Danone (produits laitiers), Sidi Ali (eau minérale) et Afriquia (station service). Elles sont accusées de pratiquer des prix excessifs, d’abuser de leur position dominante… et de leur proximité du pouvoir royal. Et ça marche! Danone informe que ses ventes ont baissé de moitié. L’affaire commence à agiter sérieusement le royaume.
Un collectif de 70 personnalités marocaines témoigne de «la gravité de la situation». Ce boycott «contre la cherté de la vie» est un signe politique: «il mérite d’être un aiguillon pour reconsidérer les réalités et les perspectives du pays». La crise a déjà fait une victime politique: le ministre de la Gouvernance, l’islamiste Lahcen Daoudi, qui avait participé à une manifestation anti-boycott et a été contraint à la démission, son engagement ayant été jugé «inapproprié». L’agitation vise quelques figures emblématiques de l’establishment. La marque d’eau appartient à la famille de Miriem Bensalah-Chakroun, présidente de l’organisation patronale marocaine jusqu’au mois passé. Les stations service Afriquia font partie de l’empire économique de Aziz Akhannouch, ministre de l’agriculture et de la pêche depuis 2007, deuxième fortune du pays (après le roi), ami personnel du monarque. A la fois leader du parti libéral RNI et membre du gouvernement de coalition présidé par le parti islamiste PJD.
Depuis quelques années, le Maroc a connu plusieurs poussées de fièvre dues au mécontentement social, mais celle-ci est la plus originale dans sa forme et, semble-t-il, la plus apte à inquiéter le système.
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