Média indocile – nouvelle formule

# 9 décembre 2022

semaine n°49

Actuel

Le Grand Ralentissement

Jacques Pilet

Nos voisins français ont beaucoup parlé du «grand remplacement» de la population par l’afflux des migrants. Vrai ou faux? A eux d’en juger. Mais ils feraient bien de s’interroger aussi sur «le grand ralentissement». Et pas eux seulement, en Allemagne, en Suisse, on assiste aussi à une tendance profonde: ralentir notre vie quotidienne, si possible travailler moins, s’enfoncer dans notre cocon, fuir le bruit.

Nombre de villes y pensent: limiter la vitesse du trafic la journée à 30 km/h. Non pas pour limiter les émissions de gaz à effet de serre, ce qui ne se produit pas, mais pour rendre les rues moins bruyantes. Alors que les véhicules modernes ne cessent de diminuer leurs émanations sonores. Lausanne est résolue à imposer cette restriction de jour comme de nuit «dès que ce sera légalement possible». La cité vaudoise ne se distingue pourtant pas par son vacarme. Mais on l’y craint comme la peste. Indice de cette obsession pour rire (jaune): si vous invitez une cinquantaine d’amis ou de clients à un cocktail dans les salons d’un palace lausannois, si vous prévoyez la présence de deux musiciens, la police de commerce doit donner son feu vert, impose une limite aux décibels… et vous envoie une facture de 60 francs pour la lettre comminatoire.  A Berlin – huit fois la superficie de Paris – où les artères sont longues et larges, souvent boisées, le Sénat du Land, à majorité rose-verte, pense aussi au 30 km/h généralisé. S’il tarde, c’est parce que là, c’est la machine politique qui a singulièrement ralenti… Son élection, en septembre 2021, a été chaotique. Les bulletins qui portaient sur plusieurs objets étaient si longs à remplir que nombre d’électeurs, après d’interminables queues, n’ont pas pu voter. Une première historique: les Berlinois devront tout recommencer, retourner aux urnes en février prochain, sur injonction du Tribunal constitutionnel du fait de la pagaille. Plus généralement, beaucoup constatent, comme le journal Die Welt, que tout dans la ville est ralenti. Pas seulement les bagnoles, déjà soumises à maintes tracasseries. Le commerce se languit, les lieux de loisirs et de culture ne retrouvent pas l’élan d’avant la pandémie, nombre de bars et de restaurants ferment définitivement. La capitale allemande, hier bouillonnante, paraît en voie de s’assoupir. Et pas elle seulement. Lire la suite...


Le dessin de la semaine

« Manifestations historiques en Chine »

Un dessin Valott

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