Média indocile – nouvelle formule

# 21 octobre 2022

semaine n°42

Actuel

Le cauchemar brésilien et nous

Jacques Pilet

Le duel Lula-Bolsonaro, au coude à coude, va bien au-delà d’une péripétie électorale. L’avenir du Brésil aura des répercussions écologiques, économiques et politiques dans le monde. Si la gauche alliée au centre et à la droite raisonnable gagne, on peut espérer que cessent la déforestation massive de l’Amazonie, la paupérisation galopante du sous-continent et la violence mafieuse. Rien n’est moins sûr. Bolsonaro a proclamé qu’il n’accepterait pas sa défaite. Il s’attaque à la démocratie. Et le fera aussi s’il est élu. Une tentation que l’on trouve jusqu’en Europe.

La campagne est navrante. Insultes, vociférations, accusations croisées de corruption et d’incompétence, mais aucun programme concret de part et d’autre. Une jeune nation (moyenne d’âge: 33 ans) livrée à l’affrontement enflammé de deux hommes plus tournés vers le passé que vers l’avenir. Bolsonaro (67 ans, atteint dans sa santé) défend son bilan, jugé affligeant par ses adversaires à tant d’égards, notamment à propos de la gestion de la pandémie, particulièrement meurtrière au Brésil. Lula (76 ans, visiblement fatigué) évoque surtout les mérites de sa présidence d’hier (2003-2010), bien réels au plan social, moins reluisants au plan politique où la majorité parlementaire était souvent achetée. Le pire est ailleurs. Bolsonaro a touillé plus qu’aucun autre dans les plus sombres penchants, longtemps refoulés, des Brésiliens. Un racisme latent, anti-Noirs, anti-Indiens, et même, pour une part, dirigé contre les pauvres, les habitants des favelas, des régions défavorisées comme le Nordeste, accusés de vivre aux crochets de l’Etat. Et un mépris total des questions environnementales. Pour beaucoup, les terres, les forêts, les fleuves sont là pour produire le plus possible et basta. Cette ignorance et cette inconscience, on les trouve dans les discours du dit Bolsonaro. Qui en plus affiche son mépris des institutions démocratiques. Son obsession, c’est mettre la justice sous la coupe du pouvoir. Se soustraire ainsi à tout contrôle. Et s’il gagne, il est bien parti pour ce faire: il dispose déjà de la majorité du Congrès et des gouverneurs de régions. Ce qui d’ailleurs, en cas de succès de Lula, constituera un frein considérable. Lire la suite...


Le dessin de la semaine

« Les primes 2023 prennent l’ascenseur... »

Un dessin Tony Marchand

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