Culture / Une atmosphère en guise d’intrigue
«Dans la ville provisoire», Bruno Pellegrino, Editions Zoé, 128 pages
Dans ce roman paru chez Zoé, Bruno Pellegrino réussit l'exploit de nous tenir en haleine avec 128 pages de description et le plus parfait anti-scénario qui soit, le témoignage d'un archiviste qui classe les papiers d'une traductrice. Deux métiers de fourmi dans l’ombre des écrivains. Et deux personnages qui ne se rencontrent jamais. Tout tient à la justesse de la langue, à la sensibilité du regard porté sur cette ville d'eau qui s'engloutit inexorablement. Une eau qu’on voit monter et tomber à la fois, s’infiltrer partout, tout envahir et tout brouiller. Le narrateur a les pieds trempés, gelés, la première fois qu’il se rend au domicile de la traductrice. Il envisage d’abord de lui emprunter ses chaussettes, mais y renonce par dégoût. Puis au fil des pages, on le voit apprivoiser cette absente, se couler dans sa peau. Au point qu’il finira par se glisser dans sa robe. Et c’est là qu’il prend pleinement conscience de ce lien à sens unique qu’il a tissé avec elle à force de s’imprégner de son univers. Comme une mise en abyme du lien qui se noue entre un lecteur et un auteur.
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