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Culture

Culture / Une anthropologie intime


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«Azur asphalte», Sylvain Bordesoules, Editions Gallimard, 168 pages.



Candice et Melissa vivent à Nice, elles sont sœurs. La première élève seule sa fille et son fils, travaille à temps partiel dans une crèche, jongle pour nouer les deux bouts, voudrait bien avoir une vie amoureuse. La seconde travaille comme manutentionnaire, passe d’une place à l’autre, vit dans un minuscule appartement avec son amoureuse, souffre d’endométriose. Ce pourrait être misérabiliste mais ça ne l’est pas. Sylvain Bordesoules dessine avec des feutres à alcool, il y a de la couleur partout, ça fait parfois comme de l’aquarelle, parfois comme de la peinture impressionniste, c’est gai, il y a des touches de vraie joie. Melissa garde les enfants de Candice quand celle-ci doit travailler, elles sont solidaires. Pauvres mais solidaires. Il n’y a ni jugement ni militantisme dans Azur asphalte, ce qui donne une grande force au récit; ça dépasse la sociologie, on voit des agencements, des lignes de fuite, des croisements, des possibilités pour que la réalité ne soit pas une loi définitive et inhumaine. Les deux sœurs parlent comme parlent les pauvres aujourd’hui mais rien n’est ici inventé: Sylvain Bordesoules raconte la vraie vie de ses sœurs. «Nous avons beaucoup parlé au préalable, il fallait que j’explique à mes sœurs ce que je voulais faire, et surtout que j’installe avec elles un climat de confiance. (…) J’ai pris ce qu’elles m’ont donné pendant un an (…), je les ai filmées, photographiées, enregistrées, j’ai épluché leurs comptes Facebook, Instagram, etc. (…) Bien sûr, je leur ai montré le story-board de l’album. Comme elles sont fières et ont toutes les deux un caractère fort, je m’attendais à des confrontations, mais, au final, il n’y a eu presque pas de changements. En fait, l’album nous a rapprochés», a expliqué Sylvain Bordesoules à Télérama.

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